OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les blogueurs à la lumière de leur écran http://owni.fr/2011/06/26/les-blogueurs-a-la-lumiere-de-leur-ecran-gabriela-herman-photo/ http://owni.fr/2011/06/26/les-blogueurs-a-la-lumiere-de-leur-ecran-gabriela-herman-photo/#comments Sun, 26 Jun 2011 13:45:30 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=42969 Comment avez-vous commencé cette série ?

Je suis blogueuse depuis trois ans et avide lectrice de blogs, devenus ma première source d’information. Ils me nourrissent et me réconfortent. Aujourd’hui, les blogueurs sont même devenus très influents puisqu’ils présentent, analysent et filtrent l’information, ce qui n’était pas évident au départ. Certains sont respectés et reconnus dans leurs domaines de prédilection. Je voulais trouver une manière de travailler sur la connectivité à l’ère du numérique et sur la façon dont nous vivons et utilisons notre temps. Cette série montre comment depuis ces coins sombres, les blogueurs apportent une valeur ajoutée et changent la façon dont les gens interagissent dans le monde.

Quelle est votre vision des blogueurs ?

Je crois profondément que les blogueurs nous connectent et nous rapprochent. D’une certaine manière les blogueurs ont participé à inverser la tendance dans notre ère technologique en créant un échange authentique entre blogueur et lecteur. Bloguer c’est être une plateforme interactive, avec un dialogue qui permet l’établissement de relations online et offline. Le fait que la technologie isole est une question largement débattue, il y a indéniablement beaucoup d’effets positifs dans cette évolution du online.

Parlez-nous de votre mise en scène et de la façon dont vous avez travaillé avec les blogueurs.

J’ai commencé à photographier des blogueurs avec cette idée en tête : permettre aux spectateurs de jeter un oeil sur ces jardins secrets en utilisant les écrans comme seule source de lumière. Le principe était de commencer par un blogueur et de lui demander de m’en recommander un autre dans son blogroll. De la même façon que leurs blogs sont liés les uns aux autres en ligne, leurs portraits le seraient aussi. C’est à travers nos écrans, ces phares lumineux, que le monde s’ouvre et que nous nous retrouvons liés les uns aux autres.

En reproduisant ce concept online en offline, je recrée de façon similaire la relation entre blogueur et lecteur. En tant que photographe, je me suis retrouvé dans une position qui me permet de voir ces blogueurs pendant que je tire leur portrait, alors que eux ne me voient pas. Je n’avais pas réalisé ce qui était à l’oeuvre jusqu’à ce qu’un blogueur me le fasse remarquer : ma démarche reproduisait à l’identique cette interaction entre le blogueur et son public, dans le sens où les lecteurs peuvent les voir et savoir qui ils sont, alors qu’à l’opposé, les blogueurs savent peu de choses sur ceux qui les lisent.

Pensez-vous faire évoluer la série ? De quelle manière ?

J’ai commencé ce projet début 2010, mais je n’ai pas pu continuer les prises de vue à cause de mes déplacements. En fait, ça a été bénéfique de faire une pause et de pouvoir éditer les portraits de tous ces gens, et prendre du recul sur l’état du projet. Je suis actuellement en train de refaire des portraits. Je vois vraiment cette série finir en exposition.


Les portraits de blogueurs de Gabriela Herman ont été dénichés sur Fubiz La série complète est disponible sur son site. ©tous droits réservés

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Un photographe à contre-temps http://owni.fr/2011/06/24/un-photographe-a-contre-temps-les-hommes-grenier-bertrand-meunier/ http://owni.fr/2011/06/24/un-photographe-a-contre-temps-les-hommes-grenier-bertrand-meunier/#comments Fri, 24 Jun 2011 13:55:00 +0000 Ophelia Noor et Pierre Alonso http://owni.fr/?p=68379

Cage d'escalier pour accéder à l'appartement où vivent 10 locataires, la plupart âgés ou malades. Hong Kong. Chine. 03/2010. ©Bertrand Meunier - Tendance Floue

C’est l’histoire de deux cultures qui se rencontrent. Pas la culture occidentale et la culture chinoise. Non, la culture du documentaire au long cours qui se frotte aux contraintes du webdocumentaire. Cette histoire, Les hommes grenier du photographe Bertrand Meunier et du journaliste Michaël Sztanke, nous la raconte.

Au départ : “une interrogation sur l’urbanisme en Chine et en Asie, et les violences faites à l’homme dans sa façon de vivre”, rappelle Bertrand Meunier. Lui qui a déjà réalisé de nombreux reportages photo en Chine découvre le sujet du futur webdocumentaire dans un article de presse. À Hong Kong, des hommes et des femmes vivent dans des cages.

Dans certains immeubles, les gens vivent sur des lits superposés. Avant, les lits étaient fermés par des grillages, d’où “les homme cage”. Maintenant les grilles ont disparu, mais pas les dortoirs. On parle d’hommes grenier… Ces hommes qu’on exploite et qu’on cache.

Pendant plus de deux mois, 5.000 "chemises rouges" ont occupé le coeur de Bangkok pour réclamer la démission du gouvernement. Le fosse s'est creuse entre les masses rurales et populaires des environs de la capitale et les élites de Bangkok. Entre le 13 mai et le 19 mai, les affrontements entre les militaires et les manifestants ont été d'une grande violence. 89 morts et 1900 blessés. Bangkok. Thaïlande. 05/2010.

Le sujet est là. Il s’inscrit dans un projet plus large pour Bertrand Meunier : travailler sur quatre villes asiatiques – Hong Kong, Tokyo, Bangkok, Shanghaï – pour en faire apparaître une cinquième, synthèse des quatre mégalopoles, synonyme de centres commerciaux et épreuve de modes de vie et de consommation communs.

Pour traiter le sujet, Bertrand Meunier s’associe à un journaliste français, Michäel Sztanke, ancien correspondant de RFI en Chine qui travaille aujourd’hui pour Baozi Production. Ils montent le projet en réponse à un appel d’offre de la boîte de production Narrative. Une opportunité de commencer une série, et de s’initier au webdocumentaire. Michaël Sztanke filme. Bertrand Meunier photographie, en argentique. Sept jours sur place, de longues discussions avec les habitants par l’intermédiaire d’un guide, tout en maintenant une présence discrète.

C’est difficile de se faire accepter dans l’intimité des personnes qu’on rencontre. Nous avons passé beaucoup de temps avec eux, nous avons énormément discuté. Dans certains cas, un locataire est chargé de ramasser le loyer des autres. Il paie son loyer comme ça, en travaillant pour le propriétaire. Eux n’aiment pas les journalistes.

Vue d'une partie du quartier de Sham Shui Po ou l'on trouve ces nombreux logements a louer: "maisons cages" ou "maisons-greniers" à 150 euros par mois. Hong Kong. Chine. 09/2009. ©Bertrand Meunier - Tendance Floue

Le webdocumentaire est une plongée dans cet environnement exigu. Plus que donner de l’information, Bertrand Meunier voulait faire “entrer le lecteur dans un univers”, le laisser plusieurs minutes face aux photographies, sans musique ni voix off. Un choix artistique difficilement compatible avec la forme actuelle du webdocumentaire selon lui, une ambition liée à son parcours professionnel. Issu du cinéma, il n’est devenu photographe professionnel que tardivement.

Je suis fasciné par le documentaire de Wang Bing À l’Ouest des rails. Il dure neuf heures. Il ne se passe rien mais c’est la qualité de ce documentaire, filmé en caméra à l’épaule. Le spectateur est mis en face du déclin industriel chinois et en prend plein la gueule.

Face aux questions de l’interactivité posées par les différentes formes du webdocumentaire, Bertrand Meunier préfère l’association du son et de la photographie où, selon lui, les choix artistiques et le propos des auteurs ne sont pas aliénés à la technologie. “Je m’interroge sur cette notion d’interactivité avec cette abondance d’information proposée au spectateur. La technologie du webdocumentaire interrompt le fil du récit”. Bertrand Meunier admet également être un inconditionnel de l’argentique : “J’aime le négatif, faire des tirages et toucher le papier. C’est un plaisir. Et je trouve que le rendu est magnifique.”

Quartier de Minowa au nord de la capitale. Un restaurant karaoké pour ouvriers. Ce quartier est connu pour accueillir la population la plus démunie de la ville. Les gens sont sans emploi ou travaillent comme ouvriers dans les chantiers. Tokyo. Japon. 06/2010. ©Bertrand Meunier - Tendance Floue

Dans ses futurs projets : un voyage subjectif en France, en son et en images, avant de revenir vers la Chine. Le travail en France a commencé en 2009 à Sète, prolongé dans les marais de la Somme, à Uzerche, et bientôt dans les Landes et l’Alsace.

J’ai envie de parler de mon pays. C’est un voyage subjectif en France, avec une narration précise. Ça s’appellera Dépaysement.

Inspiré par les photographies de Josef Koudelka sur l’exil, vingt ans de travail, et de Robert Frank sur Les Américains, deux ans à parcourir son pays, il espère que son travail sur la France aboutira en 2014. De l’engagement du documentariste, c’est la patience, la minutie et la lenteur que Bertrand Meunier aime plus que tout, dans une époque qu’il trouve si rapide.


Le documentaire Les hommes grenier sera projeté au festival des Nuits Photographiques ce vendredi 24 juin 2011. Rendez-vous à partir de 20h00 au Parc des Buttes Chaumont.

Photos ©Bertrand Meunier/Tendance Floue, tous droits réservés

Vous pouvez consulter les photos de Bertrand Meunier et des photographes du collectif Tendance Floue

Télécharger le programme des nuits photographiques
Télécharger l’affiche du festival:

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100 millions de mineurs http://owni.fr/2011/06/03/100-millions-de-mineurs/ http://owni.fr/2011/06/03/100-millions-de-mineurs/#comments Fri, 03 Jun 2011 08:28:10 +0000 Ophelia Noor et Pierre Alonso http://owni.fr/?p=65260 Les membres du collectif Argos seront présents vendredi 3 juin au festival les nuits photographiques, en accès libre au parc des buttes Chaumont pour une projection en plein air de leur webdocumentaire Cuatro Horas, sur une mine coopérative au Chili. Owni est partenaire des nuits photographiques et vous fera découvrir tout au long du mois de juin, une des oeuvres projetées.

Quelle est l’origine de vos reportages sur les mines ? L’avez-vous conçu comme le projet sur les réfugiés climatiques ?

Guillaume Collanges : Je travaillais sur l’industrie et j’avais fait un reportage sur la fermeture des usines de charbon en 2003. Je viens moi-même du Nord, une région minière. La découverte en 2003 a été un choc. La mine est un univers compliqué : d’un côté, elles ont une très mauvaise image, ont la réputation de détruire l’environnement et les hommes ; d’un autre côté, les mineurs sont extrêmement fiers et regrettaient tous que la mine ferme, malgré la dégradation de leur état de santé. C’est l’amour-haine cet environnement ! En bas, il y a une solidarité qui transgresse les questions sociales, le racisme. Les chantiers sont énormes ! L’économie de la France s’est basée sur le charbon. Les mineurs ont connu une heure de gloire passée à laquelle ils se réfèrent encore. Ils étaient souvent immigrés et très pauvres, mais la mine a servi d’ascenseur social. Leur métier était très difficile mais ils avaient un logement, les salaires ont augmenté, ils ont pu payer des études à leurs enfants. Ces grosses industries ont mauvaise image mais elles ont fait vivre des milliers de personnes.

Sébastien Daycard-Heid : En 2007, Guillaume et moi avons fait un reportage sur la piraterie minière. Ce sujet en Afrique du Sud a été difficile à faire et assez marquant. Il s’agissait de mineurs illégaux qui travaillaient clandestinement dans les mines, y restant parfois plusieurs mois. Ils étaient en compétition avec les entreprises qui se partageaient la même mine, non sans heurts. Deux mondes coexistent : les entreprises minières qui sont là depuis plus de cinquante ans mais dont les retombées économiques sont trop faibles pour la population locale, et la piraterie minière qui se développe et entre en compétition frontale voire armée contre les entreprises et l’État. Au début, les illégaux étaient des Sud-Africains, puis ils ont prospéré et ont commencé à faire venir des clandestins étrangers. On s’est rendu compte qu’il y avait énormément d’illégaux dans les mines à travers le monde et qu’il y avait matière à faire une série transversale.

100 millions de personnes travaillent dans des mines !

Quels seront les prochains sujets ? Comment allez-vous les traiter sur la forme ?

Cédric Faimali : Notre approche de la question est transversale. Nous traitons plusieurs cas différents dans plusieurs pays, avec plusieurs médias : photo et texte, mais aussi vidéo et son de façon systématique. Le but est de constituer une matière première exploitable sous de multiples formes qui permet d’avoir une diffusion multi-support, une vitrine et des revenus pendant le projet. En Colombie, nous avons auto-financé notre reportage parce qu’il lançait la série et était surtout destiné à la presse. L’Afrique du Sud a été produit par GEO et Scientifilms en télé pour ARTE REPORTAGES. Le reportage au Pérou a été vendu à la presse et en webdoc. Le produit fini sera un livre et une exposition. Peut-être un webdoc en suivant un fil conducteur transversal.

Collectif Argos/Picture Tank © tous droits réservés Cédric Faimali

Guillaume Collanges : Pour la Lorraine, nous avions fait un webdoc avant l’heure en 2004, un diaporama sonore. Notre premier reportage en Afrique du Sud raconte l’histoire du pays et son fonctionnement actuel : les mineurs sont un peu mieux payés mais les accidents sont très courant : les migrants sont en tête de taille, le poste le plus dangereux.

Sébastien Daycard-Heid : Les prochains reportages seront sur les communautés de mineurs en Ukraine et aux États-Unis. Aux États-Unis les mineurs américains reprennent la tradition de recherche de l’or. Nous partirons sur les traces d’une longue littérature de reportage écrite par Jack London, Blaise Cendrars ou Cizia Zykë dans un autre genre. Côté photo, la référence est bien sûr Sebastiao Salgado qui a travaillé sur la Serra Pelada dans les années 1980. Ce qui nous intéresse, c’est de revisiter cette thématique 30 ans ou plus après, avec les changements liés à la mondialisation.

La filière minière raconte donc une histoire de la mondialisation ?

Sébastien Daycard-Heid : Les mines ont engendré des villes, du commerce et San Francisco illustre bien que du développement peut naitre de cela. Aujourd’hui, la plupart des villes minières sont des villes fantômes en puissance. Les mines sont des trappes à pauvreté. Ce ne sont plus des paysans comme à la Serra Pelada, mais parfois des médecins, des fonctionnaires, ceux qui ne trouvent pas leur place dans les villes. L’intérêt de l’approche transversale, contrairement à une approche plus classique qui consiste à suivre une filière de l’extraction à la consommation, est de montrer une condition humaine partagée et un problème lié au développement minier en général. Il ne concerne pas que quelques mineurs isolés mais des millions de personnes.

En creux apparaissent les politiques de développement des États et le rôle du consommateur.

L’exemple du panneau solaire est assez significatif : c’est un produit lié au développement durable, mais sa production nécessite du lithium dont l’origine est parfois très incertaine.

Sébastien Daycard-Heid : Le problème n’est pas le métal en lui-même mais les modes de productions et la logique de marché. On n’est pas sorti de la logique uniquement mercantile des conquistadors : captation de la ressource, concentration et vente. À aucun moment, on ne s’interroge sur l’origine du métal. Les métaux sont au cœur du fonctionnement de la bourse qui s’est bâtie dessus et donc par ricochet du système économique mondial. En revanche, les logiques de marché peuvent changer pour obliger les compagnies minières à reverser des revenus aux populations locales par exemple. Les progrès techniques permettent aussi d’améliorer la problématique environnementale. Après le mercure et le cyanure, la technique traditionnelle de la gravitation revient en utilisant des machines, donc en restant dans un processus traditionnel.

Collectif Argos/Picture Tank © tous droits réservés Guillaume Collanges

Quels sont les modèles de production alternatifs pour les mines ?

Cédric Faimali : Le sujet des mines n’est absolument pas manichéen, il faut absolument se débarrasser de ce préjugé pour le comprendre. D’où l’intérêt de travailler en série pour souligner les nuances. A Cuatro Horas, les mineurs illégaux ont développé le travail en coopérative et se sont battus pour racheter leur mine. Mais l’individualisme est en train de reprendre le dessus avec le plafonnement économique de la mine, aucune filière de marché intègre cet or.

Sébastien Daycard-Heid : Le label or équitable certifié Max Havelaar existe en Grande-Bretagne depuis le 14 février. On est au début de la reconnaissance de ce label. Pour l’or, il faut assurer la traçabilité des métaux et l’existence d’une filière séparée. De plus en plus de joailliers entrent en contact avec des affineurs qui cherchent eux-mêmes des filières de production équitables. Max Havelaar a justement cette fonction d’expertise de certification. En France, la situation est très différente : le marché n’est pas composé d’artisans mais d’industriels du luxe. Même si la filière est embryonnaire, l’idée de traçabilité rentre dans les habitudes y compris pour l’or.

Une filière équitable pour l’or pourrait émerger ?

Guillaume Collanges : Pour la filière équitable, le prix très élevé de l’or est un avantage. De petites productions ou coopératives peuvent devenir des projets pilotes. A contrario, si une filière équitable de l’or apparaît, les interrogations sur les filières non-équitables vont se multiplier : est-ce de l’or sale ? Pas forcément, bien sûr, mais la question sera posée.

Cédric Faimali : Le commerce équitable enclenche une dynamique vertueuse même sans représenter 70 ou 80 % du marché. De toute façon, il suppose un lien direct entre producteur et consommateur ce qui paraît difficile à réaliser pour le cuivre.

Quelles sont les conditions de travail des mineurs illégaux ?

Sébastien Daycard-Heid : La clandestinité entraîne les plus mauvaises pratiques, même pour les mineurs qui arrivent avec les meilleures intentions. Ils peuvent mourir d’un incendie au fond de la mine, d’une rixe parce qu’ils ont trop picolé. Quand les mineurs remontent après quelques semaines ou même une nuit, ils dépensent une grande partie de leur salaire en alcool ou autre. En Afrique du Sud, tous les illégaux étaient jeunes. Les chefs avaient 30-35 ans parce qu’ils ont besoin d’avoir une excellente condition physique. Pendant une semaine au fond, ils ne mangent que des barres énergisantes.

Collectif Argos/Picture Tank © tous droits réservés Cédric Faimali

Des ONG font-elles de la prévention ?

Sébastien Daycard-Heid : Les ONG sont très peu présentes dans les régions minières. Elles pourraient pourtant aider réformer les modes de production en faisant de la prévention sur les risques sanitaires et environnementaux. Le sous-sol appartient aux Etats, contrairement aux terres agricoles qui appartiennent aux cultivateurs. Les activités des ONG, surtout internationales, sont trop perçues comme des ingérences alors qu’il y a urgence. Les ONG locales ont peu de moyens. La réglementation internationale en est à ses balbutiements après le scandale des diamants du sang. En juillet dernier, la loi Dodd-Frank sur la finance votée aux États-Unis ont contraint les entreprises américaines côtées en bourse à certifier la provenance des métaux qu’elles utilisent. L’objectif est de mettre fin à la guerre au Congo qui se nourrit des ressources minières.

Cédric Faimali : L’or sert aussi à blanchir l’argent de la drogue. En Colombie notamment, certains investisseurs achètent des mines au-dessus de leur valeur. En plus, l’or est déjà une monnaie : échangeable et substituable. On peut facilement payer des armes, financer des milices, corrompre des fonctionnaires. C’est une économie grise, informelle. Idem avec le coltan par exemple. Améliorer la traçabilité permet de sortir de ces logiques.


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Photographies du Collectif Argos/Picture Tank © tous droits réservés Guillaume Collanges et Cédric Faimali

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Une galerie Street Art dans le ventre de New York http://owni.fr/2011/05/08/galerie-street-art-urbain-graffiti-newyork/ http://owni.fr/2011/05/08/galerie-street-art-urbain-graffiti-newyork/#comments Sun, 08 May 2011 18:54:26 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=61342

Revok, Ceaze, photo par Luna Park ©

Tous les liens de cet article sont en anglais, sauf mention contraire

Entre 2009 et 2010, un bataillon d’artistes, 102 en tout, descend dans le ventre de New York et transforme une station de métro abandonnée en galerie d’art, sous la direction de deux de leurs pairs, Workhorse et PAC. Un travail de fourmi, et dangereux, The Underbelly Project avait pour but de revenir aux fondamentaux du graffiti, d’accomplir une action authentique et poétique, à une époque où Banksy et JR sont sur-médiatisés et sur-vendus.

Nous sommes dans une époque où l’on oublie les sources de la passion des artistes,” nous raconte Samantha Longhi de Graffiti Art Magazine [fr]. “Le marché de l’art s’est envolé. Les organisateurs de l’Underbelly project ont voulu revenir aux sources du street art, avec l’envie de montrer le travail de plusieurs artistes sans dimension marchande. Pour le plaisir de peindre.”

Difficile d’en savoir plus sur ce projet hors du commun, les participants ne souhaitant pas s’exprimer sur le sujet ou étant tout simplement injoignables. La médiatisation, sans doute trop précoce, du projet en octobre 2010, via un article dans le New York Times , a fait tourner la tête de la MTA , la RATP new-yorkaise. Dans l’ère post-11 septembre, 102 artistes ont graffé pendant 18 mois dans une station abandonnée du réseau, au nez et à la barbe des autorités.

Trustocrop, photo par Vandalog cc

Un exploit qui peut leur coûter très cher, le graffiti étant considéré comme un crime aux États-Unis. En témoigne la récente arrestation de Revok à Los Angeles, un des artistes du Underbelly project, qui a écopé de six mois de prison ferme et d’une caution fixée à 300.000 dollars.

Les organisateurs et les artistes ou photographes impliqués se font donc très discrets, en témoigne cette réponse d’un des participants à ma demande d’interview : “Maybe this is a bit paranoid or whatever, but honestly I’m not very comfortable answering any questions for an article relating to The Underbelly Project at this point (…) I’m sorry I can’t be more helpful.”

En France, le graffiti, même s’il n’est pas nommé par la loi en tant que tel, est considéré comme un délit passible de 30.000 euros d’amende et deux ans de prison ou 3.750 euros et des travaux d’intérêt général en fonction de la gravité des dommages causés.

Damon Ginandes, photo par Ian Cox/Walkandy ©

Dans ce projet qui mêle street-art et exploration urbaine, les graffeurs autant que les photographes font de la ville leur terrain de jeu. La performance, le challenge, l’adrénaline, la curiosité et le jeu font partie de l’équation. Tous prennent des risques physiques, juridiques et financiers potentiellement importants. Comme le résume très bien le LTVS squad sur son site : “Pour résumer, nous explorons “des lieux interdits” que nous documentons, dans New York et ses alentours. Nous sommes des fanatiques de l’exploration urbaine sans être des têtes brûlées. Nous aimons profondément le vieux New York.”

Une relation de confiance s’établit bien souvent entre les producteurs de cet art éphémère, destiné à être passé au Kärcher, et les photographes qui mettent en valeur et documentent leur travail. Parmi les photographes, qui ont pu pénétrer dans la station, Ian Cox de Walkandy, Luna Park de Robotswillkill et RJ Richmond de Vandalog“La dimension documentaire est importante,” reconnait Samantha Longhi, de même que reproduire l’ambiance si particulière à un lieu. Justement, quid de l’exportation du projet Underbelly dans d’autres villes, de la sortie du livre et de l’exposition annoncée ?

Il était question d’exporter le projet, continue Samantha Longhi, des repérages ont été faits dans d’autres villes, mais pour l’instant les curateurs du projet préfèrent se tenir tranquilles. Le projet a eu pas mal de bâtons dans les roues, il ont eu des soucis avec la police sur place [à New York], il y a eu des fuites et du vandalisme pour trouver la station. Il était prévu de faire une exposition à l’Opera Gallery avec la sortie du livre, mais tout est en suspens, y compris le site internet du projet, pour des raison sécuritaires et juridiques.

l'Underbelly Project vandalisé

La galerie a été vandalisée, et la MTA ne devrait pas lâcher le morceau, dans une des villes les plus répressive contre le graffiti, qui en est pourtant le berceau.

Les politiques successives depuis les années 1980, dont celles de Rudy Giuliani et Michael Bloomberg, maires de New-York, ont mis en place plusieurs “Task Force” anti-graffiti ou anti-vandalisme.

Sur le site officiel de l’état de New York on peut lire que la lutte contre le graffiti fait partie de l’éducation des citoyens, et plus loin, que “500 dollars seront offerts pour toute dénonciation“.

Samantha Longhi, qui connait les personnes impliquées dans le projet, ajoute qu’ils ont en leur possession des dizaines de milliers de photos non publiées, des vidéos ont été réalisées, le projet a été très bien documenté, toujours avec ce souci d’être libre dans l’exécution et de revenir aux sources :

Contrairement a une exposition comme celle qui se tient en ce moment au MOCA de Los Angeles, l’Underbelly reste dans les codes originels du graffiti. Les artistes se sont co-optés entre eux, sans distinction de notoriété ou de valeur marchande. Les curateurs sont des graffeurs. La recherche d’authenticité est une question permanente dans ce milieu.

Jeff Soto, photo par Luna Park ©

En attendant d’en savoir plus sur cette aventure collective hors norme, voici l’une des rares vidéos disponibles sur Internet. C’est une installation de IAM faite pour l’Underbelly Project et filmée par Jason Eppink. La Shadow Machine est un système de projection analogique qui reprend des photographies de Jules Edward Muybridge [fr].


Galeries Flickr de Vandalog cc-by-nc ; et à voir absolument celles de Luna Park © tous droits réservés et  Ian Cox © tous droits réservés.

The Shadow Machine par Jason Eppink sur Vimeo.

Des stations de métro abandonnées à New-York : http://www.columbia.edu/~brennan/abandoned/ [en]

Une possible localisation de la station Underbelly serait la station South 4th Street à South Williamsburg, Brooklyn. [en]

Retrouvez notre Une sur les explorateurs urbains (illustration CC Loguy)
- Spéléologie urbaine à Brooklyn
- Miru Kim: la ville, nue

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Miru Kim: la ville, nue http://owni.fr/2011/05/08/miru-kim-nudite-et-spleen-en-ville/ http://owni.fr/2011/05/08/miru-kim-nudite-et-spleen-en-ville/#comments Sun, 08 May 2011 12:30:57 +0000 Louis Imbert http://owni.fr/?p=55440 Comment avez-vous conçu votre série “Naked City Spleen” ?

J’ai travaillé sur cette série pendant cinq ans. J’ai exploré des usines abandonnées, des ruines urbaines, différentes sortes de tunnels, j’ai escaladé des ponts… Je prenais des clichés un peu partout et je trouvais qu’il manquait quelque chose.

Puis j’ai décidé d’insérer une figure humaine dans mes images, un élément vivant. Emmener un modèle avec moi était trop compliqué, j’ai donc posé moi-même, sans vêtements.

Le nu donne une dimension universelle, atemporelle aux photos, la pose est souvent presque animale. C’est une façon extrêmement simple de montrer un être vivant habitant plus ou moins ces espaces.

Comment explorez-vous ces lieux ? Dans quel état d’esprit ?

J’ai commencé à explorer pour échapper à l’espèce de dépression qui accompagne la vie en ville, la solitude. Lorsque je rentre seule dans un tunnel abandonné, j’ai extrêmement peur. Cela devient une espèce d’épreuve, une façon de me forcer à dépasser mes craintes. A l’intérieur, j’ai parfois l’impression de perdre le sens du temps, de la durée.

Dans les tunnels, vous ne voyez pas la lumière du jour, vous pouvez y passer dix heures de rang et c’est seulement quand vous sortez que vous vous rendez compte à quel point vous êtes épuisé. Ça m’est arrivé souvent à Paris, dans les catacombes. Puis vous retournez vers la vie quotidienne, vous vous sentez régénéré, rafraîchi. Cela devient une forme de catharsis.

A quel point recherchez-vous le danger ?

Si vous n’êtes pas prudent, si vous tombez à travers un sol pourri par exemple, il n’y a personne pour vous venir en aide. Cela peut être très dangereux.

Un jour, je prenais des photos dans un tunnel de Hell’s Kitchen, à New York, et j’ai aperçu la lumière d’une lampe-torche au bout du tunnel. Ce n’était pas un policier : son pas n’était pas assez régulier, pas assez décidé. J’étais terrifiée.

Je me suis rhabillée et j’ai vu arriver un vieil homme qui vivait dans le tunnel. Il était extrêmement calme, il avait l’air gentil, pas violent. Je lui ai expliqué mon projet, puis j’ai recommencé à poser à côté de lui.

A la fin, il a nettoyé mes pieds avec un tissu et m’a raccompagnée jusqu’à la sortie du tunnel. Après ça, j’ai essayé de ne plus explorer seule.

Comment avez-vous décidé d’explorer d’autres villes que New York ? Est-ce que cela a changé votre travail, ou est-ce toujours plus ou moins la même usine, le même tunnel que vous visitez ?

J’ai commencé à expérimenter dans des espaces abandonnés à Berlin, je prenais des cours aux beaux-arts là-bas. Puis je suis rentrée à New York pour finir mes études et j’ai continué d’explorer.

Quand j’ai découvert les catacombes de Paris, je me suis rendu compte qu’il y avait dans chaque ville différentes strates d’histoire auxquelles les gens n’ont pas forcément accès et j’ai voulu aller voir ça dans d’autres villes : à Londres, à Montréal, dans les villes proches de New York comme Philadelphie, Detroit, et puis à Séoul et Istanbul.

J’ai trouvé des espaces qui se ressemblaient profondément.
Quand vous regardez mes photographies, celles prises à l’intérieur, pas sur les toits, vous ne pouvez pas savoir dans quelle ville vous vous trouvez : ce sont toujours de vieilles structures industrielles, quasiment les mêmes, quelles que soient la ville et la culture.

Écoutez aussi l’intervention TED de Miru Kim (février 2009)


Retrouvez notre Une sur les explorateurs urbains (illustration CC Loguy)
- Une galerie Street Art dans le ventre de New York
- Spéléologie urbaine à Brooklyn

Photographies de Miru Kim © tous droits réservés

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Deux siècles de propagande en images http://owni.fr/2011/05/02/deux-siecles-de-propagande-en-images/ http://owni.fr/2011/05/02/deux-siecles-de-propagande-en-images/#comments Mon, 02 May 2011 08:00:14 +0000 david-c http://owni.fr/?p=59574 Petit dossier du jour, plein de poussières parce que retro au possible. Vous connaissez mon amour pour les pubs vintage et autres vieilleries publicitaires, présentes dans de nombreux articles, elles ont aujourd’hui le droit à un article entier.
Évidemment je vais pas m’éclater à faire un article : “Vieilles Pubs”, c’est inutile et pas très intéressant … Donc, après moultes réflexions, l’article d’aujourd’hui concerne tout un pan de l’histoire mondiale en deux siècles. Je cite : la propagande.

Le drapeau sublimé dans la propagande

En soit, ce n’est pas de la publicité pure et dure, mais ce fut de loin le modèle de communication le plus utilisé au XIXème siècle que ce soit en période de guerre comme de stabilité politique. Voici donc une petite rétrospective de la propagande comme vous ne l’avez jamais vu, pays par pays.

La gloire du communisme grâce à la propagande

La Corée du Nord : Bastion de la propagande actuelle

Dernière dictature communiste asiatique, la Corée du Nord est de loin le pays qui maîtrise le plus la propagande. Problématique : Comment faire croire à tout un peuple que ton pays est génial alors que même les rats tentent de fuir ?
Réponse : Mettez un petit bonhomme plein de style, embrigadez tout un peuple dans les mythes et prenez soin de votre communication via la propagande.

La Paysanne, heureuse dans ses champs

Les verts pâturages de la Corée du Nord (Actuellement en État de Famine)

Le sourire na-tu-rel

Évidemment, LE grand ennemi du communisme de type staliniste, c’est le capitalisme. Et qui est LE digne représentant du capitalisme ? Les États-Unis. La Corée du Nord élabore donc toute une propagande contre ses ennemis : les Américains. Et parfois c’est très violent.

Un pays ouvertement haineux envers l’Amérique


Au dessus : “Ne laissez pas les loups américains détruire vos vies”


Utilisation des symboles américains comme le Capitole …


… ou l’aigle, emblème du pays (Contre l’innocent bout de chou coréen)



Au dessus : “Rien n’arrêtera notre avancée !”

“Tous contre l’ennemi américain”

L’économie américaine symbolisée par le Capitole

Dans la même lignée, on a aussi toute une communication sur les avancées technologiques et matérielles du pays. Mais aussi sur les productions du pays qui seraient riches et suffisantes.

La Métallurgie performante du pays

Une technologie dernier cri, pour un pays compétent

Un système ferroviaire développé. Des mineurs héroïques

Même si ça fait très 70 – 80, ces affiches sont bien sorties durant les années 2000

La représentation de l’ennemi est très présente en Corée du Nord, tout comme ces capacités agricoles, techniques, mécaniques, productives, informatiques … Il reste cependant un élément qui est plus que mystifié : le parti (unique). C’est le fondement même de la société nord-coréenne.

Toutes les classes sont représentées pour la gloire du Parti

La gloire du communisme Nord-Coréen sans cesse célébré

Le Juche et le drapeau – Symboles du Pays – En haut”Le Brave Juche”

Le peuple Coréen, un peuple heureux

La Corée du Nord est l’un des derniers forts du communisme stalinien, connu pour sa propagande inimitable : joie des protagonistes, situations irréelles, mystification du pouvoir etc … Tout ça n’est pas sans rappeler l’un des principaux belligérants dans la guerre à la propagande : l’URSS.

L’URSS : La Propagande avec un grand P

Même si aujourd’hui elle n’existe plus, l’URSS a été LA grande puissance de la propagande. Des affiches par milliers, des représentations ultra-idéologiques, c’est en fait l’organisation qui a instauré les codes de la propagande moderne. Ancêtre des affiches Nord Coréennes, il y a tout de même la même structure partagée entre idéologie et embrigadement.

Les figures emblématiques du communisme de l’URSS : Lenine …

… et Staline”Comprenons le chef Staline, entrons dans le communisme”

Lenine mystifié

Contrairement à la Corée du Nord, on voit dans la propagande russe, la dominance du rouge et des symboles idéologiques avec une classe particulièrement représentées : les ouvriers. Représentation logique dans un contexte particulièrement tendu contre les États-Unis où l’apogée de l’URSS atteint des sommets.

La représentation de l’ouvrier et du prolétariat

Les paysans et paysannes, heureux.

La propagande de l’URSS est connue pour exposer ses capacités militaires et techniques, avec exhibitions d’armes et des transports. On chiffre, on veut faire peur, on veut rassurer le peuple. L’URSS est puissante et le montre.

L’importance de montrer des chiffres et du résultat, une spécialité propre à l’URSS

La compagnie nationale des chemins de fer

En haut : “Les ennemis sont au front, les Russes doivent résister aux ennemis de la révolution”

L’armée et la flotte aérienne

Ce type de propagande est aussi reconnaissable avec l’omniprésence des références au sang et à la guerre.

L’ennemi est capitaliste

“Défendons la ville de Lénine”

Tout le monde est réquisitionné, pour l’affrontement

Ce qui est propre à l’URSS c’est l’importance de la parole. Au fur et à mesure des années, il y a eu une évolution concernant la liberté d’expression, la propagande le révèle plutôt bien. De plus, la presse a son importance dans cette société, malgré sa large censure, elle est représentée, tout comme les livres et les diverses sources de savoir.

En bas : “Garde ta langue dans ta bouche”

“Rumeurs, mensonges, histoires, Parler”

L’appel aux connaissances – En bas : l’affiche revisitée par Franz Ferdinand (Second album)

Les dépêches russes, comme par exemple : la Pravda

L’affiche contre le Capitaliste (De préférence gros et bien habillé)

Célébration de la presse – 1926

Il est évident que comme la Corée du Nord, il y a une célébration inépuisable du parti et du communisme, fondement même de l’URSS (CCCP).

Au dessus : “10 ans de la révolution d’octobre”

Le Peuple armé prêt à défendre la CCCP (URSS)

Le Peuple armé prêt à défendre la CCCP (URSS)

En bas : “Tous, pour la victoire”

Ces différentes affiches, nous montre bien les différents codes présents dans la propagande russe et repris par la Corée du Nord. Ces codes sont utilisés par les deux puissances, mais une sous branche se détache et rend la propagande plus originale.

L’URSS Juive

En effet, avant la Seconde Guerre mondiale, l’URSS était l’un des principaux foyers de la population juive européenne. Aujourd’hui minoritaire, les juifs russes ont le plus souvent migré vers Israël ou les États-Unis. Cependant, on retrouve leurs traces culturelles dans la propagande avec de nombreux affichages tout en hébreu et ventant les mérites de l’URSS.

Le Prolétariat Russe Juif, représenté dans quelques affiches

Toujours les paysans juifs en URSS

Affiche qui montre la migration des Juifs Russes vers les États-Unis

Ces deux puissances communistes, nous montre bien l’importance de leurs codes dans leurs affiches : rouge, armée, pouvoir, prolétariat, réussite, ouvrier etc … Cependant, une troisième puissance communiste (Enfin aujourd’hui, communiste de marché, bonjour le paradoxe) se détache …

La Chine

Contrairement a ses consœurs, cette puissance a peu fait de propagande mais le peu qu’elle a fait diffère de l’URSS et de la Corée du Nord. On retrouve la majorité des codes MAIS représentée par des enfants, détail important qui permet à cette propagande d’être plus légère.

“Wrangly aime et respecte la maîtresse”

“Nous aimons les sciences”

“Paix et amitié”

Et évidemment, on retrouve tous les codes habituels du communisme, avec mystification du peuple, apogée du parti, drapeau et insignes …

Les insignes et symboles mais présentés de façon moins violente que l’URSS

L’honneur au drapeau et au labeur

La famille au premier plan

L’armée, moins de sang et plus d’armes

L’ouvrier et les paysans, dans des représentations plus “traditionnelles”

Le petit livre rouge – Propagande pro-Mao

On l’a vu avec ces trois pays que le communisme a été l’un des principaux acteurs du développement de la propagande. Faire oublier la réalité et se conforter dans l’image d’une puissance efficace qui fait peur devient désormais possible, grâce à la propagande.

Mais il ne faut pas oublier que les différentes guerres ont alimenté la propagande mondiale. Avec en tête : les États-Unis

Les États-Unis : L’armée au premier plan

La première puissance économique mondiale a bien utilisé la propagande. Entre les deux guerres mondiales, la guerre froide et les différentes crises géo-politique, le pays est devenu un acteur principal dans la propagande mondiale.

Le Mythique Oncle Sam qui vous pointe du doigt

Les valeurs : respect, honneur, patrie.

L’inimitable patriotisme américain

Avec les États-Unis, c’est simple : l’armée, les trois couleurs, les Marines et le drapeau. Rien en plus, rien en moins. Les Marines et la Navy sont particulièrement représentés.

Enlist in the Navy – Engagez-vous dans la marine

La Navy – Men & Young Men

Les couleurs américaines et le traditionnel uniforme – Navy

Le recrutement des Marines – “The Navy Needs you ! Don’t read American History, MAKE IT “

Tout en symboles : le drapeau, la statue de la liberté (Humanisée) et oncle Sam

Au delà de ces deux branches armées, on retrouve aussi l’armée de terre et l’armée aérienne, très présentes dans les conflits et fiertés des Etats-Unis. On les retrouve évidemment dans la propagande.

Army Air Force, typiquement masculine

Iwo Jima

She’s a WOW – La femme réquisitionnée

Les femmes au service du pays.

La propagande en pleine Seconde Guerre mondiale

Une production massive aux Etats-Unis

"Vole ! Pour sa liberté et la tienne"

La propagande américaine est donc essentiellement militaire et non pas idéologique (Bien qu’Oncle Sam en soit un bon vecteur). On retrouve cependant les fameux “Bonds” vendus lors de la Seconde Guerre mondiale pour financer le pays et le réarmement du Pays.

Oncle Sam, toujours là avec ses Bonds – Et en plus il pointe du doigt

“Repousser le barbare” grâce aux Bonds

Se battre ou acheter des Bonds

L'ennemi Japonais dans la propagande américaine

La propagande américaine reste donc 100% centrée sur l’armée et le combat sous toutes ses formes : via les bonds, les Marines, la Navy, les militaires, la flotte aérienne … L’ennemi n’a pas de forme précise à part celle des barbares. Ce type de propagande lui est propre car très patriotique (Voir là) et est totalement différente de la propagande européenne.

L’Europe

Cette dernière catégorie géographique concerne l’Europe. Bien moins important, voici un petit échantillonnage des différentes affiches de propagande sur deux siècles. On retrouve l’Espagne comme principal acteur de la propagande européenne, notamment à cause de la Guerre Civile.

France : Guerre Froide – Guerre d’Algérie

Allemagne – Hongrie

La propagande nazie : famille parfaite et ouvrier arien

Italie – Seconde Guerre Mondiale

Grande Bretagne – Caricature de Churchill – God Save The King

Portugal – Pays Basque

“Ayuda a la Evacuacion” : Aidez à l’évacuation

Le Socialisme forgera une nouvelle Espagne – L’implication des femmes pour la victoire

“L’unité de l’armée du peuple sera l’arme de la victoire”

Propagande des régions qui se veulent autonomes : Catalogne et Pays Basque

République Espagnole

Avec tout cet article, on peut voir que la propagande a été l’un des vecteurs des valeurs de chaque pays et idéologies au cours de ces deux siècles. En pleine apogée lors des différents conflits mondiaux ou internes, elle est aujourd’hui considérée comme une véritable forme de média pour l’époque. Cependant, une question subsiste : Reste t’il des traces de la propagande aujourd’hui ?

Et Maintenant ?

La propagande aujourd’hui est reconnaissable grâce à tous ses codes esthétiques, on en retrouve beaucoup dans certaines publicités. Résultat, l’art et la publicité réutilise les codes de la propagande.

L’utilisation par M&M’s des anciens codes soviétiques – L’art qui stylise Obama en propagande moderne

Juste pour le plaisir final, ce petit détournement très … actuel.

Un long article donc, qui nous montre que la propagande était une forme de communication comme une autre avec des codes et règles précises. Aujourd’hui on en retrouve des traces dans l’art mais aussi et surtout dans la publicité. Si vous avez des modèles, pas d’hésitation, proposez ;)


Publié initialement sur Advertisingtimes
Illustrations : via Advertisingtimes ; via Flickr par motobrowniano [cc-by-nc-sa]

]]> http://owni.fr/2011/05/02/deux-siecles-de-propagande-en-images/feed/ 20 Regards sur une décennie de mal-logement http://owni.fr/2011/04/30/argos-regards-sur-une-decennie-de-mal-logement/ http://owni.fr/2011/04/30/argos-regards-sur-une-decennie-de-mal-logement/#comments Sat, 30 Apr 2011 16:00:56 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=58756 Au début des années 2000, plusieurs photographes du collectif Argos ont réalisé des reportages sur la question du mal-logement et des personnes sans-abri. Ils ont suivi, pendant plusieurs mois, le quotidien de familles vivant dans un bois à côté d’une cité HLM en Seine-et-Marne, fait le tour des hôtels meublés du 20ème arrondissement de Paris, rencontré des hommes vivant sur une bretelle d’accès du périphérique à Porte Maillot ou suivi le parcours d’un homme, de la rue à la réinsertion.

Dix ans après, les sans-abris étaient dans l’agenda de l’Union européenne qui faisait de l’année 2010, celle de la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. L’objectif : trouver des positions communes et développer des politiques globales et efficaces dans les pays de l’Union.
La fin du sans-abrisme, une utopie ? Le jury de la conférence de consensus sur le sans-abrisme organisée à Bruxelles en décembre dernier répondait, avec optimisme et détermination :

L’absence de chez-soi constitue une injustice grave et une violation des droits fondamentaux de l’homme à laquelle on peut et on doit mettre fin. Le jury considère ainsi que l’absence de chez-soi peut être progressivement réduite et que l’on peut, en fin de compte, y mettre un terme.

Le Parlement lui emboîtait le pas avec cette déclaration du 16 décembre 2010 sur la stratégie de l’UE pour les personnes sans-abri, qui demande :

  • au Conseil de s’engager avant la fin de l’année 2010 à régler la question des personnes sans-abri d’ici 2015,
  • invite la Commission (…) à aider les États membres à élaborer des stratégies nationales efficaces
  • demande à EUROSTAT de recueillir des données sur les personnes sans-abri.

Pour le moment, c’est la France qui serait championne européenne du mal logement, avec 52 personnes sans domicile fixe pour 100.000 habitants.

Nous avons laissé la parole aux photographes du collectif Argos qui nous racontent, chacun, l’histoire de leur reportage et de leurs rencontres.

Ces familles qui n’ont plus droit de cité

Par Eléonore Henry de Frahan

Apres l'école Morgane, 8 ans, rentre chez elle. Chez elle, ce sont les quatre caravanes du haut, dans ce petit bois coincé entre la nationale 105 et le château d'eau où vivent deux familles et un homme seul. ©Eleonore Henry de Frahan Collectif Argos/PictureTank

C’est en 2000 que je découvre à la lisière des villes, des familles françaises qui survivent dans des habitats de fortune sans électricité ni eau courante. Pour assurer une vie décente à leurs enfants, les parents cumulent les petits boulots. Je m’y rendais en RER et à vélo et je développais mes films moi-même.

J’ai rencontré les familles petit à petit avec l’aide du Dr Moriau de Médecins du monde qui m’a introduit. Madeleine est salariée comme femme de ménage. Pourtant, elle vit en caravane, avec son mari Gérard et ses deux filles, de 8 et 10 ans, juste en face de la barre HLM de Seine-et-Marne d’où ils ont été expulsés.

Ils n’ont ni eau ni électricité. Ils se servent d’un poêle à bois pour se chauffer et d’un groupe électrogène pour la télé. Tentant comme les autres parents du campement d’assurer une vie décente à leurs enfants. Notre société moderne lancée dans une course effrénée au profit laisse derrière elle une part de plus en plus importante de la population.

Il y a huit ans, Gérard a perdu son emploi. Après plusieurs mois sans revenus, la petite famille est venue camper dans ce bois. Au fil des ans, ils ont acquis plusieurs caravanes et les ont retapées. Chacune d'elle est une pièce de la maison. ©Eleonore Henry de Frahan Collectif Argos/PictureTank

J’ai réalisé ce reportage sans commande. Je voulais tout simplement sensibiliser les gens à ce problème de société. Des familles n’ont plus accès aux biens de consommation qu’on leur propose au quotidien, à un minimum de confort, ou tout simplement à un logement et à une vie décente. Cette précarité gagne du terrain et déferle aujourd’hui sur le monde du travail (missions d’intérims, travail à temps partiel). Avoir un emploi ne garantit plus l’intégration ni la protection sociale.

Patrick monte un vélo pour son fils avec les matériaux qu'il a récupéré. ©Eleonore Henry de Frahan Collectif Argos/PictureTank

Je suis retournée les voir régulièrement et le travail s’est échelonné sur un an et demi. J’ai continué a leur rendre visite ponctuellement pendant un temps, quand je le pouvais. Dernièrement je voulais justement avoir de leurs nouvelles mais ils ne sont plus sur le terrain et je ne sais plus comment les joindre.

Le reportage a été publié sur 8 pages dans VSD, il a été expose à différents endroits comme le centre culturel de Rezé, de Woluwe St. Lambert a Bruxelles, le festival de Biarritz sur la violence moderne, et il a accompagné les journées du livre avec l’association ATD quart monde.

Matériel : un Nikon f3 et des films Tri X n/b

Hôtels meublés

Par Guillaume Collanges

J'ai trouvé un appartement à 3800 francs mais je ne peux pas. Je touche 4000 francs par mois. ©Guillaume Collanges Collectif Argos/PictureTank

Le reportage sur les hôtels meublés s’est étalé sur six mois, en 2000. J’habitais le 20ème et c’est un arrondissement ou il y en a pas mal. Plusieurs fois je suis passé devant sans y prêter attention. Un jour j’ai lu une plaque “Hotel meublé – chambre au mois” et je me suis demandé qui vivait ici. J’ai fait du porte à porte, essayant de rentrer dans les établissements mais beaucoup d’entre eux n’aiment pas les curieux. Les marchands de sommeil préfèrent la discrétion.

A l’époque la moyenne était de 3500 francs (env 500€) pour une chambre avec lavabo. C’était le prix d’un studio sur le marché privé. Quand je trouvais un endroit accessible je faisais tous les étages en expliquant bien aux gens que je faisais un reportage. Peu voulaient répondre, surtout les femmes qui sont donc sous représentées dans le reportage. Elles se méfiaient d’un homme inconnu, même s’il se présentait comme un journaliste, d’autant qu’à l’époque je n’avais pas la carte de presse.

Je suis ici depuis trois mois. J'ai 37 ans, j'ai loué un appartement jusqu'à 33 ans, depuis, je vis en meublé. Je suis analyste programmeur, je travaille a Paris, parfois, en province. ©Guillaume Collanges Collectif Argos/PictureTank

L’ambiance dans ces hôtels est souvent triste, voir violente quand il y a trop d’alcool. Des situations de misère et de précarité qui s’installent dans la durée. Un seul avait une ambiance quasi “familiale”, je n’avais d’ailleurs pas eu le droit d’aller voir les deux premiers étages réservés aux habitués de longue date. Du 3ème au 5ème c’était autorisé, et pourtant une dame était là depuis dix ans !

Cela fait 10 ans que je suis ici, et mon fils onze. J

Toutes ces rencontres m’ont beaucoup marqué , certaines n’ont jamais été diffusées car les personnes n’ont pas voulu signer l’autorisation de diffusion. Mais je retiendrai toujours cette conclusion qu’avait eu une des rares femmes rencontrées, ancienne institutrice : “les problèmes, ça rend médiocre.”

Matériel : appareil Nikon fm, 35mm f2 et film Kodak Supra 400

Vie périphérique

Par Cédric Faimali

Thierry dans sa cabane au bord du périphérique parisien. @Cédric Faimali Collectif Argos/PictureTank

C’était en 2003, j’avais repéré les tentes de Thierry et Diego sur mon chemin en passant par la Porte Maillot. Quand je suis arrivé sur leur campement la première fois, Diego est sorti avec une barre de fer et m’a dit :

“Qu’est-ce que tu viens chercher ici ? Il n’y a rien à voler !”
J’ai répondu : “Je viens en ami”
Et il m’a dit : “Il n’y a pas d’amis ici !”

J’ai quand même réussi à amorcer la discussion et à lui expliquer ce que je faisais là. Je me rappellerai toujours de cette phrase : “Il n’y a pas d’amis ici”. La peur de se faire attaquer et dépouiller est constante. Diego, ancien légionnaire de 48 ans était installé là depuis 1999 avec son chat Gavroche, et venait de se faire agresser par des jeunes quand je l’ai rencontré. Il était tailladé au couteau.

Diego s'approvisionne en eau potable grâce aux bouches d'incendies des pompiers. @Cédric Faimali Collectif Argos/PictureTank

Diego et Thierry étaient un peu comme des Robinson Crusoë, ils disaient : “la société veut pas de nous, et nous, on veut pas d’elle. On n’étale pas notre misère en pleine rue, la mendicité fait chier tout le monde.” Ils se débrouillaient pour trouver de la nourriture, subvenir à leurs besoins. Ils en étaient fiers. Ils avaient la télé avec une batterie, ils coupaient du bois pour se chauffer. Ça ne les intéressait pas de toucher le RMI ou la CMU quand je les ai rencontré.

Le linge de Diego et Thierry sèche le long du boulevard périphérique. @Cédric Faimali Collectif Argos/PictureTank

Le reportage a duré tout un hiver et j’ai continué au printemps et à l’été suivant. Parfois je ne faisais pas de photos, j’allais discuter, j’amenais des batteries chargées, des cigarettes, des vêtements ou des couvertures. C’est très long comme reportage, c’est lourd psychologiquement, les gens sont parfois sur la défensive, ils ne comprennent pas toujours notre démarche, refusent de se faire prendre en photos et c’est normal. C’est leur vie. Il faut s’apprivoiser et aussi que la confiance s’installe.

Thierry, je l’ai croisé par hasard, en 2006, au bureau de Poste près de chez moi. Il avait eu des problèmes de dents, il s’était fait soigner et m’avait dit qu’il était hébergé. Puis leur campement a brûlé en 2007, j’étais allé voir les pompiers qui en étaient au début de l’enquête. Il privilégiaient l’accident.

Thierry dort malgré le bruit incessant des voitures. @Cédric Faimali Collectif Argos/PictureTank

Je vais reprendre ce sujet avec des personnes qui vivent dans les tunnels de La Défense, un autre endroit où on est pas censé vivre, dans les sous-sols du pôle financier. Aujourd’hui, leur campement a disparu.

Matériel : appareil panoramique hasselblad Xpan, film Porta 400 NC

Gilles, de la rue à la réinsertion

Par Jéromine Derigny

Gilles, SDF de 37 ans, fait sa vie entre Montreuil et Vincennes. Une grande partie de la journée, Gilles fait la manche, toujours au même endroit. ©Jérômine Derigny Collectif Argos/PictureTank

J’ai réalisé ce sujet en commande pour le Pèlerin, en janvier 2007 où j’ai suivi pendant plusieurs jours le quotidien de Gilles, rencontré au Samu social.

Après la publication, Gilles, ayant déjà passé plusieurs années à la rue, a semblé retrouver un regain d’énergie pour continuer à se battre, et trouver un centre d’hébergement. Puis du travail en réinsertion. J’ai décidé de garder le contact avec lui puisqu’il avait un portable, ça n’était pas trop compliqué. C’est ainsi que pendant un an, j’ai continué à le retrouver de temps à autres, dans son parcours de réinsertion à l’association Neptune, basée à Montreuil.

Gilles, sdf depuis plusieurs années et jusqu'en 2007, est maintenant en réinsertion, tant sur le plan du travail que du logement. ©Jérômine Derigny Collectif Argos/PictureTank

Une deuxième publication dans le Pèlerin a eu lieu un an après la première. On ne se refait pas si vite d’années de rue, et tout n’a pas été simple pour Gilles, une année ne suffit bien sûr pas pour se réinsérer. J’ai continué à garder contact avec lui, mais il est parti en province, chez Emmaüs. Puis petit à petit j’ai perdu sa trace, les coups de fil s’espaçant… de mon fait plutôt.

Gilles a organisé un tournoi de pétanque, ou se mélangent habitants du foyers, et personnes du quartier. ©Jérômine Derigny Collectif Argos/PictureTank

Je serais curieuse de savoir où il en est actuellement, je lui souhaite bien entendu d’avoir encore progressé dans son parcours…

Peut-être que lui ou une de ses connaissances sera lecteur d’OWNI !?

Matériel : Nikon D200 24mm (35mm) f2.8

48 rue du faubourg Poissonnière

Par Guillaume Collanges

Au 48 rue du Faubourg Poissonnière, les familles ont campé plus de deux mois dehors en attendant le relogement. ©Guillaume Collanges Collectif Argos/PictureTank

Au cours du reportage sur les meublés en 2000, je suis rentré en contact avec le DAL. Je voulais suivre également les mal logés qui squattent ces immeubles innocupés de Paris. Celui ci appartenait à une compagnie d’assurance italienne et était vide depuis plusieurs années quand les familles sont rentrées dedans.

C’était insalubre, les rats envahissaient la cour la nuit mais certains logements étaient assez grands. Les gens étaient plutôt “bien ici” pour la plupart. Mais un immeuble pas entretenu se délabre et deux plafonds s’étaient affaissés provoquant l’expulsion manu militari de deux familles….. vers des hôtels meublés comme solution provisoire. Bien sûr.

Dialika retrouvera un logement dans Paris. ©Guillaume Collanges Collectif Argos/PictureTank

La plupart des adultes travaillaient et avaient leurs papiers, et étaient en attente de logement social depuis des années…. comme beaucoup trop.
J’ai passé quinze jours avec eux sous la tente, les gens y dormaient à tour de rôle. C’est fatiguant, la rue est bruyante et le réveil est à 5h avec le premier camion poubelle de la ville. Les gens ont tous été relogés grâce à l’action du DAL.

Un été à Paris, au 48 rue du faubourg poissonnière. ©Guillaume Collanges Collectif Argos/PictureTank

Matériel : Nikon F90, 35mm f2, et film Supra 400


Crédits photos : © Collectif Argos/Picture Tank Tous droits réservés
Retrouvez les cinq reportages dans notre visionneuse /-)

Le collectif Argos fête ses 10 ans. Les rédacteurs et photographes vous invitent au vernissage de leur exposition le 11 mai à 18h00 à l’Espace Confluences à Paris.

Téléchargez le pdf.


L’intégralité des reportages est sur le site du collectif Argos :
Jérômine Derigny : Gilles de la rue à la réinsertion (2007 et 2009)
Guillaume Collanges : 48 bd poissonnière (2000) et Hôtels meublés (2000)
Cédric Faimali : Vie périphérique (2003)
Éléonore de Frahan : Ces familles qui n’ont plus droit de cité (2000)

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http://owni.fr/2011/04/30/argos-regards-sur-une-decennie-de-mal-logement/feed/ 3
Freaks: espèce de salles obscures http://owni.fr/2011/04/21/freaks-espece-de-salle-obscure/ http://owni.fr/2011/04/21/freaks-espece-de-salle-obscure/#comments Thu, 21 Apr 2011 17:30:34 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=58228 En octobre 1931, Freaks ou La Monstrueuse parade est en plein tournage. Les États-Unis sont encore dans la tourmente de la Grande dépression de 1929 et l’Europe fait face à la montée du fascisme et du nazisme. Le choc des mutilés de la Première Guerre est encore vif dans les mémoires: le cinéma connaît l’âge d’or des films de monstres et entre dans l’ère du parlant.

Dans le monde du cirque, c’est la grande époque des “sideshow” où sont présentés, en marge du spectacle principal, des êtres singuliers : hommes-tronc, femmes à barbe, avaleurs de sabres, microcéphales, siamois, etc.

Prince Randian, un des acteurs du film Freaks

L’ambiguïté de ce film commence dès le tournage où le réalisateur Tod Browning, auréolé de gloire après le tournage de Dracula [en] avec Bela Lugosi, impose à la Metro Goldwyn Mayer de monter le casting avec des phénomènes de foire issus des cirques du pays. La concurrence est rude entre les studios hollywoodiens et la MGM cherche à faire un gros coup face au succès de Frankenstein produit par Universal.

Le film est un échec cuisant, et il ne connaitra sa seconde vie qu’à partir des années 1960 lors d’une représentation au festival de Cannes. Freaks est reconnu aujourd’hui comme un film culte et universel sur la représentation du monstre moral et du monstre physique, où la fiction rejoint la réalité sur le tournage :

Parmi les anecdotes les plus célèbres mais aussi les plus emblématiques du malaise que provoqua la constitution d’une telle équipe, on se souvient (…) des problèmes récurrents de cantine, le personnel de la MGM protestant contre le fait d’être attablé dans la même pièce que les monstres, ou encore la triste et horrible nausée qui gagnait F. Scott Fitzgerald, (…) lorsqu’il observait la curieuse troupe manger (…).

On se souvient aussi des diverses tensions entre les acteurs, des multiples rivalités entre les monstres qui, bénéficiant chacun du statut de vedette dans leur cirque d’origine, n’appréciaient que moyennement de partager leur notoriété.

En 2011, Freaks est l’un des films sélectionnés dans le dispositif Lycéens et apprentis au cinéma en région PACA, au côté d’un autre film de monstres, Starship Troopers de Paul Verhoeven (1997). Boris Henry, chercheur-enseignant en cinéma, et intervenant pédagogique dans les classes, raconte que les élèves sont restés cois devant le film :

Ils ont eu beaucoup de mal à croire que les Freaks étaient réels, et que Tod Browning avait tourné sans effets spéciaux, trucages ou maquillage. Le film est en dehors de leur canon habituel et par opposition, leurs réactions sur Starship Troopers étaient plus réservées. Habitués à l’évolution des effets spéciaux, tant au cinéma qu’avec les jeux vidéo, ils n’ont pas adhéré à l’esthétique de ce film qu’ils ont trouvé vieillot. Les insectes géants manquaient de crédibilité esthétique, ils ne les ont pas fascinés comme les corps des phénomènes de la Monstrueuse parade qui leur ont fait se poser beaucoup de questions sur la représentation du corps mutilé ou handicapé, sur le monstre, la mobilité et la sexualité notamment.

Le corps de l’acteur est, chez Browning, un instrument de la déformation et est au centre d’un dispositif dépourvu d’effets spéciaux. Il donne à voir le monstre qui est en chacun de nous. L’intérêt de Browning s’est toujours porté sur les acteurs, en témoigne sa longue collaboration avec Lon Chaney, surnommé “L’Homme aux Milles Visages”.

Pour Browning, “les acteurs sont des personnes à la marge de la société, ils sont singuliers. Le corps hollywoodien est un corps monstrueux, aujourd’hui encore, on le constate avec la chirurgie esthétique chez les stars, et le monstre est un dispositif en soi auquel participe l’acteur. Être acteur c’est aussi être un monstre”, selon Boris Henry.

Si Freaks n’a jamais fait l’objet d’un remake, il n’en a pas moins inspiré beaucoup de cinéastes. David Lynch avec Elephant Man et Twin Peaks, ou Tim Burton avec Big Fish, qui a aussi sa galerie de monstres forains. La chaîne HBO a notamment produit une série sur les “sideshows” dont l’action se passe dans les années 1930 aux États-Unis, La caravane de l’étrange.

Pour Boris Henry,

Freaks est en quelque sorte la queue de la comète de la culture foraine dans laquelle on montrait les monstres ; cette culture ayant en grande partie disparu, le regard porté sur les phénomènes a changé et il est donc difficile, voire sans doute impossible, de refaire un film comme Freaks.


Freaks, dans son intégralité [en]:

Hans et Frida
Prince Randian, l’homme-tronc
Cléopâtre pendant le dîner de noces
Johnny Eck, l’homme sans jambes
Minnie Woolsey dite Koo Koo
Schlitze
Cléopâtre “One of us ! One of us !

Les soeurs Hilton
Les soeurs siamoises Ping et Jing dans Big Fish de Tim Burton, 2003
The Red Room dans Twin Peaks Fire Walk With Me de David Lynch
Edward aux mains d’argent
Big Fish de Tim Burton, 2003 ©Columbia Pictures



Retrouvez tous les articles de notre dossier “monstres” sur OWNI.
- “Le corps jugé monstrueux n’a pas d’humanité”
- “Un nouvel appendice pour l’espèce humaine ?”

Image de Une par Loguy /-)

Crédits photos et illustrations :
Les enfants de cinémaCNC ressourcesSite ImageImages de la cultureLycéens et apprentis au cinéma, région PACASunday MagazinePhreeque ; Sony Pictures

Via Flickr Something by the wolf [cc-by-sa]

Pour aller plus loin :
Le dossier pédagogique sur Freaks, par Boris Henry, édité par le Centre National de la Cinématographie pour le dispositif Lycéens et apprentis au cinéma
Cinémaction nº125 “Tod Browning, fameux inconnu” de Pascale Risterucci et Marcos Uzal, 2007
>”Freaks, la monstrueuse parade de Tod Browning” de Dick Tomasovic, Editions du Céfal, 2005Lon Chaney chez Tod Browning [article] de Carole Wrona, sur le site Critikat
La télégénie du monstre [pdf] de Jean-Pierre Sélic
Le site Human Marvel
Le site Sunday Magazine
Le casting complet de Freaks [en]

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http://owni.fr/2011/04/21/freaks-espece-de-salle-obscure/feed/ 16
[Fait-maison] Le kit de data visualisation http://owni.fr/2011/04/16/fait-maison-le-kit-de-data-visualisation/ http://owni.fr/2011/04/16/fait-maison-le-kit-de-data-visualisation/#comments Sat, 16 Apr 2011 10:30:53 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=56357 José Duarte, graphiste colombien de 27 ans basé à Bogota a réalisé de ses propres mains un kit de visualisation de données, ingénieux et ludique. José nous raconte comment lui est venu l’idée :

C’est parti d’un constat, celui d’une saturation du numérique : on espère toujours pouvoir tout résoudre avec un ordinateur mais nous ne l’avons pas toujours sous la main pour réaliser le graphique qui va nous aider à éclaircir une idée ou un concept. Cependant, nous avons toujours dans la poche un crayon, un marqueur et des lacets ! Je me suis dit, pourquoi ne pas faire un graphique avec mes lacets de chaussure ?

José est aussi co-fondateur du studio Ledfish, qui propose de la visualisation de données (infographies et applications) principalement à des entreprises. À l’ère du tout numérique, ce kit fait main permet de d’aborder un projet avec un oeil différent. Non sans laisser perplexes certaines personnes, nous dit José :

“Souvent les gens me demandent comment faire pour être précis en créant des graphiques à la main. Je leur réponds qu’il a toujours fallu être précis sur les proportions mais le plus important est de rendre claire une idée.  Un bon exemple est cette visualisation que j’ai réalisé avec le kit :

On voit très clairement que l’augmentation des utilisateurs d’Internet entre 2000 et 2010 fut extrême. C’était l’idée principale derrière cette visualisation. Et plutôt que de me limiter à donner des chiffres pour chaque année, j’ai fait enfler un ballon. Il ajoute : Je sais bien que ce n’est pas la forme la plus précise pour faire un graphique, cependant le ballon, une forme abstraite, permet de représenter cette idée de manière tangible.”

Il conclut sur ces mots :

Il s’agissait pour moi de matérialiser l’information et c’est de là qu’est née l’idée de créer un outil qui m’aiderait à réaliser mon objectif.

De quoi s’amuser sur le datablog dans les jours qui viennent /-)


Hand Made Data Kit par © José Duarte
Déniché sur Graphism.fr. Retrouvez tous les vendredi matin la chronique de Geoffrey Dorne sur Owni, Vendredi c’est Graphism !

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Quand les abris anti-atomiques étaient en vogue http://owni.fr/2011/04/10/quand-les-abris-anti-atomique-etaient-vogue/ http://owni.fr/2011/04/10/quand-les-abris-anti-atomique-etaient-vogue/#comments Sun, 10 Apr 2011 18:36:08 +0000 Ophelia Noor http://owni.fr/?p=56247

Les armes nucléaires et la possibilité d’une telle guerre sont des faits que l’on ne peut ignorer aujourd’hui. Vous pouvez déjà mettre en place beaucoup de choses pour vous protéger, et par là même, rendre plus forte, la nation américaine. Je vous encourage vivement à lire avec attention cette édition de LIFE magazine. La sécurité de notre pays et la paix dans le monde sont les objectifs de notre politique. Notre capacité et notre volonté de survie sont essentielles.

[Le Président Kennedy aux lecteurs de LIFE Magazine, 15 sept. 1961]

Depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale et jusqu’à la fin de la guerre froide, l’administration américaine a éduqué ses citoyens sur les moyens à mettre en œuvre pour se protéger d’une attaque nucléaire. La plupart des pays de l’OTAN faisaient de même, notamment le Royaume-Uni ou l’Allemagne, tant la peur d’une guerre nucléaire était vivace.

Les publications officielles sont nombreuses, avec de jolis champignons atomiques en couverture, comme celle, impressionnante, de la revue gouvernementale, How to survive a nuclear attack, publiée par le gouvernement américain en 1950, juste après le premier essai nucléaire russe.

Les retombées radioactives (fallout) sont nocives pour la santé et souvent invisibles à l’œil nu. Un abri anti-atomique, collectif ou individuel, permet donc de se protéger pendant une durée variable, de deux semaines à un an, en fonction de son type de construction et du type de danger (retombées ou explosion nucléaires). Les citoyens sont encouragés à construire leur propre abri anti-atomique, les grandes villes privilégiant les abris collectifs.

La Shelter Mania

En août 1961, un an avant la crise des missiles de Cuba, le Président Kennedy décide de confier au Secrétaire de la Défense Robert McNamara, la mise en place d’un programme fédéral de défense civile afin d’informer et de protéger les citoyens en cas de guerre ou d’attaque nucléaire. S’en suivront une série de brochures officielles, dont la “Fallout Protection” publiée en 1961.

Le message est clair : une guerre nucléaire est imminente, construisez des abris anti-atomiques, protégez votre famille et la nation américaine. Des dossiers sont publiés dans la presse, des guides Do It Yourself (D.I.Y) pullulent, des publicités commerciales proposent même la construction de ces abris en mode “discount”. Dans un numéro du magazine LIFE, JKF s’adresse directement aux lecteurs (voir les photos). La Shelter Mania est lancée.

La culture populaire s’empare de ce thème : Stanley Kubrick sort en 1964, son film satirique, Docteur Folamour ou comment j’ai appris à ne plus m’en faire et à aimer la bombe, citons la série The Twilight Zone, certains James Bond, La Planète de Singes (1968), ou plus proche de nous, le comics Watchmen (1986), etc.

Le danger vient du Nevada

Les américains ont pourtant été plus touchés par les essais nucléaires effectués sur leur sol que par n’importe quelle (hypothétique) bombe A. L’Institut national du cancer américain a publié en 1997 une étude sur la contamination de ses populations par l’iode 131 suite aux multiples expérimentations nucléaires effectuées dans le désert du Nevada à partir des années 50. Conséquence : des dizaines de milliers de cancers de la thyroïde et la création d’un fonds de soutien au irradiés en 1990.

Quand les gens sont face à des situations terrifiantes, ils sont capables de prendre des précautions inimaginables, même si la menace perçue ne se réalise jamais.

Et le business ne s’arrête jamais. Depuis la guerre “contre le terrorisme” chère à l’administration Bush, et après le tremblement de terre japonais et l’accident de la centrale de Fukushima, l’abri anti-atomique reste un must. La compagnie Bomb Shelter vante ses 31 ans d’expérience dans la protection des “meilleurs et des plus intelligents” (sic), Rich et Annie du site Survival Ring proposent des méthodes D.I.Y et des pdf par douzaine à télécharger gratuitement sur le sujet. Le magazine Popular Mechanics listait en 2009 les six abris anti-bombardements “strong and chic dans lesquels investir… Certains se préparent déjà pour une troisième guerre mondiale.

Et maintenant, place aux images /-)

15 septembre 1961, Une du magazine LIFE : "Comment survivre aux retombées nucléaires"

De l'abri à la ville anti-atomique

Le D.I.Y de l'abri atomique, aussi simple qu'une notice IKEA

1950, Civil Defense Office : Comment survivre à une attaque nucléaire

Transforme ta cave en abri anti-atomique !

Le guide de l’abri anti-atomique

“Bombe Atomique ! Venez visiter un abri anti-atomique, dans un cadre… agréable”

Janvier 1962 : la ruée vers les abris communautaires

Décembre 1961 : Brochure du gouvernement américain sur les moyens de protection à mettre en oeuvre contre les retombées nucléaires
“EMERGENCY ATTACK KIT” : Un abri anti-atomique c’est bien, le garnir de victuailles, c’est mieux.

Protégez votre famille !

Vous n’avez pas de cave à transformer en abri anti-atomique ? “No problem” On vous aidera à le creuser dans le jardin !

“Vous pouvez construire un abri pour une somme modique et rapidement”

L’abri discount

En cas de guerre nucléaire, ce livre pourrait bien vous sauver la vie !
MEUH ! Les vaches ne sont pas oubliées…
À guetter : la signalisation de l’abri anti-atomique

Sources illustrations : Un Regard Moderne ; X-Ray Delta One via Flickr [cc-by ; cc-by-nc-sa] ; Wikipedia et Wikimedia Commons [cc-by ; Domaine Public]

La lettre de Kennedy aux lecteurs de Time Magazine :

Message de JFK dans LIFE, le 15 septembre 1961

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