OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Les technomades vivent et lisent léger http://owni.fr/2011/04/02/les-technomades-vivent-et-lisent-leger/ http://owni.fr/2011/04/02/les-technomades-vivent-et-lisent-leger/#comments Sat, 02 Apr 2011 11:46:00 +0000 Marie D. Martel http://owni.fr/?p=54759 Nous dirigeons-nous vers une technoculture du prêt, du partage, du streaming ?

Trop d’objets autour de nous, trop de bruit dans notre champ visuel, dans nos agrégateurs, dans nos résultats de recherche, trop de super-butinage (power-browsing), trop consommer, accumuler, remplir, excéder, évaluer, élaguer, se débarrasser, recycler-réduire-réutiliser, ouvrir la fenêtre, pas quinze fenêtres, respirer, relaxer, se vider l’esprit. C’est le printemps et une saison nouvelle qui s’annonce aux teintes discrètes (chromophobes ?) du néominimalisme.

After the bacchanal of post-modernism, the time has again come for neo-minimalism, neo-ascetism, neo-denial and sublime poverty.  (Juhani Pallasmaa, cité dans Wikipedia)

ou encore :

By definition, « neo-minimalists » don’t have an overabundance of things in their lives. But one thing they tend to have more and more of these days is visibility. Recently, The New York Times talked to some people participating in the 100 Thing Challenge about how it has affected their lives; The BBC looked into the « Cult of Less; » and here on Boing Boing, Mark has beengetting down to the nitty-gritty of what the « lifestyle hack » involves. The common thread here is a growing number of people are realizing that our mountains of physical stuff are actually cluttering up more than just our houses. »

Cet extrait provient d’un article publié sur Boing Boing (traduit dans Le Courrier International), dans lequel Sean Bonner explore la dématérialisation ou la décroissance matérielle comme une possibilité issue des technologies actuelles et qui nous permet de reconsidérer nos interactions avec le monde et les autres en favorisant l’expérience plutôt que la consommation. À Toronto, le même auteur a aussi animé une présentation [en] sur le courant des technomades.

L’usage de circonstance par le prêt, le partage, le streaming

D’autres journalistes, comme Ramon Munez d’El Païs ont, dans la même perspective, élaboré l’idée que la propriété est un fardeau et que l’avenir de la consommation de la culture n’est plus lié à la propriété mais à l’usage de circonstance par le prêt, le partage, le streaming :

Après avoir été pendant trois siècles la valeur suprême de la civilisation occidentale, la propriété cesse d’être à la mode. Ne vous y trompez pas : il ne s’agit pas d’un retour du communisme ou d’une vague de ferveur qui nous ramènerait au détachement matériel des premières communautés chrétiennes. Ce sont le capitalisme lui-même, son incitation permanente à consommer et les technologies liées à Internet qui viennent bousculer des habitudes que l’on croyait bien enracinées. À quoi bon posséder des biens, les stocker, les entretenir, les protéger des voleurs, lorsqu’on dispose d’une offre illimitée de produits et de services accessibles en quelques clics ou moyennant la signature d’un contrat de location ?

Si cette tendance ne se limite pas au numérique, c’est sur Internet que la révolution est le plus avancée. Le téléchargement de contenus cède du terrain au streaming [diffusion en continu], c’est-à-dire à la reproduction instantanée de musique et de vidéos sans qu’il soit besoin de les conserver sur le disque dur de l’ordinateur. Des milliers de sites, légaux et illégaux, proposent un catalogue illimité de logiciels, films, morceaux de musique et jeux vidéo. Le succès du site de musique suédois Spotify ou du portail espagnol de séries télévisées Seriesyonkis vient bousculer les habitudes des consommateurs.

YouTube, le célèbre portail de vidéos en ligne de Google, est le symbole de la révolution en marche. Ses chiffres laissent pantois. Sur toutes les vidéos regardées chaque mois aux États-Unis, 43% (14,63 milliards) sont diffusées par YouTube, selon la société d’études de marché comScore. YouTube est suivi de près par Hulu, un site de streaming qui propose gratuitement des films et des séries télévisées. Avec 1,2 milliard de vidéos regardées, Hulu dépasse non seulement des monstres d’Internet comme Yahoo! ou Microsoft, mais aussi les portails de chaînes et de studios comme Viacom, CBS ou Fox.

D’après une étude sur le paysage audiovisuel espagnol réalisée en 2010 pour le compte de l’opérateur Telefónica et de la chaîne de télévision privée Antena, 3, 30% des internautes espagnols déclarent télécharger moins de fichiers, tandis que la moitié d’entre eux assurent que le streaming est leur manière habituelle de consommer des contenus audiovisuels sur Internet. “On constate un essor du streaming depuis au moins le printemps 2009”, assure Felipe Romero, l’un des auteurs de l’étude. “À court terme, les deux méthodes – téléchargement et streaming – vont coexister, mais il est clair que la seconde va prendre de plus en plus d’ampleur.”

Sur le blog Agnostic, May Be, on mentionne également cet article qui témoigne de l’émergence de la culture du partage dans le Time [en] :

[T]he ownership society was rotting from the inside out. Its demise began with Napster. The digitalization of music and the ability to share it made owning CDs superfluous. Then Napsterization spread to nearly all other media, and by 2008 the financial architecture that had been built to support all that ownership — the subprime mortgages and the credit-default swaps — had collapsed on top of us. Ownership hadn’t made the U.S. vital; it had just about ruined the country.

L’étape suivante franchie par le blogueur Andy Woodworth [en] (incidemment élu dans le palmarès 2010 des Shakers and Movers [en])  m’intéresse tout particulièrement. Il fait l’hypothèse qu’en ce moment l’attrait pour les bibliothèques reposerait peut-être moins sur la récession économique que sur l’accroissement du nombre de gens qui préfèrent emprunter plutôt que posséder.

L’émergence de cette culture suggère des possibilités et des tendances sur lesquelles les bibliothèques pourraient largement capitaliser, dit-il. Comment ? Pas seulement en incarnant elles-mêmes les instances équipées pour prêter des documents à partir de leurs collections mais peut-être surtout en se positionnant  comme des facilitateurs, ou des médiateurs, capables de négocier et de supporter les citoyens en vue d’accéder aux ressources disponibles dans la déferlante du web.

Mais la question la plus évidente est la suivante : est-ce que les bibliothèques seront en mesure de profiter de l’apparition de cette société du prêt et du partage ? Elles apparaissent elles-mêmes souvent éreintées par les résistances, trop déboussolées pour servir de guide à qui ce soit, sans vision, sans plan pour penser la culture numérique au-delà de cet effort qui les amène à prononcer et à servir à toutes les sauces, le mot magique de la « bibliothèque numérique ».

Billet initialement publié sur Bibliomancienne

Image Flickr AttributionNoncommercialShare Alike Gubatron et AttributionNoncommercialShare Alike Michael D. Dunn

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“L’info médicale sur Internet, c’est comme les logiciels open-source” http://owni.fr/2010/08/05/l%e2%80%99info-medicale-sur-internet-c%e2%80%99est-comme-les-logiciels-open-source/ http://owni.fr/2010/08/05/l%e2%80%99info-medicale-sur-internet-c%e2%80%99est-comme-les-logiciels-open-source/#comments Thu, 05 Aug 2010 15:30:40 +0000 Martin Untersinger http://owni.fr/?p=23967 Selon le docteur Jacques Lucas, vice-président du Conseil National de l’Ordre des Médecins (Cnom), en charge des technologies de l’information et de la communication, Internet constitueun virage majeur dans la relation médecins/patients”.

Et pour cause : Internet occupe une place de plus en plus importante dans notre rapport à l’information, notamment médicale. Même si les médecins français tardent à s’emparer de ce nouvel outil, certains ont franchi le pas.

Nous avons demandé à trois médecins, membres de l’association Médecins Maîtres-Toile de détailler la façon dont ils utilisent Internet. Tous tirent de cette expérience de nombreux avantages en terme de relation avec leurs patients.

“Le médecin joue un rôle de bibliothécaire”

Aujourd’hui, les gens sont beaucoup moins influencés par la télévision, qui est un objet passif, que par Internet, qui est un objet actif : le patient est perdu, il ne sait pas où chercher,

nous explique le Dr. Biland, médecin généraliste à Tourcoing. De fait, le médecin sur Internet doit avant tout jouer “un rôle de bibliothécaire” : “il faut écouter le patient, le renvoyer vers une information référencée”.

Car le constat est unanime : le patient de 2010 est pleinement formé à l’utilisation d’Internet et y trouve nombre de ses informations médicales. Il faut donc le guider, l’orienter sur le réseau, mais aussi également lui dire où ne pas aller, puisque les informations qu’on trouve sur le Net ne sont pas toujours entièrement fiables. “Je leur dis d’aller sur des sites fiables et leur déconseille formellement les forums comme ceux de Doctissimo”.

Pour le Dr. Mennecier, hépato-gastroentérologue à l’hôpital Begin à Saint-Mandé, Internet peut faire partie intégrante de la consultation. Renvoyé vers une documentation gérée directement par son médecin, le patient peut avoir accès à une information claire et pertinente. Le Dr. Mennecier a souvent recours à cette pratique, qui permet de retranscrire ce qu’il se dit pendant la consultation, où le patient est parfois assailli d’informations. En ce sens, la pratique d’Internet intervient “en complément de la consultation”, sans la remplacer.

C’est même un véritable moyen d’éducation thérapeutique : “au lieu de répéter dix fois la même chose”, le patient peut facilement retrouver l’information dans la documentation établie par son médecin. Et les avantages sont conséquents : cela lui “permet d’avoir une bonne relation et une bonne adhésion au traitement” et renforce “le sentiment de confiance, car le patient est formé et sait ce que je lui propose comme traitement”.

Les limites de cette utilisation

Pour le Dr. Biland, il n’est pas encore envisageable d’utiliser Internet pour interagir encore plus directement avec ses patients “ça ne présente pas d’intérêt, ça ne veut pas dire que je ne le ferai pas”. De même, il se montre réticent à l’usage des réseaux sociaux, invoquant le problème de la mémoire d’Internet car “l’info que le patient donne aujourd’hui, dans trente ans elle sera toujours visible”.

Le Dr. Mennecier nuance également la généralisation de sa pratique. Selon lui, elle correspond moins aux besoins des médecins généralistes qu’à ceux des médecins spécialisés, dont l’audience et la maladie sont beaucoup plus ciblées, et où la synthèse y est de fait plus simple.

Même si les forums comme ceux de Doctissimo restent contestés, l’information médicale sur Internet est loin d’être inintéressante. Toujours selon le Dr. Mennecier,

L’information médicale sur Internet, c’est un peu comme les logiciels open-source, elle se met à jour plus vite.

Mais “même si l’information médicale est de qualité, rien ne vaut un médecin” ne manque-t-il pas de préciser. Cela reste un domaine à risque, et “le plus gros, ce sont les forums, car ceux qui y vont, ce sont ceux qui ne vont pas bien”.

Si les relations médecins/patients sur Internet semblent se limiter pour le moment à un aspect plutôt informatif de la pratique médicale, d’autres utilisations sont néanmoins possibles.

D’autres usages d’Internet en médecine

Depuis quelques années, ce qu’on appelle la télémédecine semble se dessiner comme l’usage le plus prometteur des nouvelles technologies de la communication dans un cadre médical.

Pour l’OMS la télémédecine est “l’utilisation des technologies de l’information pour fournir des soins médicaux et des informations d’un endroit à un autre”. Déjà largement utilisée dans les pays du Nord de l’Europe, elle recouvre des activités très différentes, du travail collaboratif aux dossiers médicaux en ligne en passant par de véritables télé-interventions. Ainsi, si on imagine facilement certaines utilisations des technologies comme les opérations à distance, d’autres pratiques méritent également que l’on s’y attarde.

Le Dr. Ludwig Finkeltain, neuro-psychiatre et psychanalyste, pratique depuis une dizaine d’année la télépsychatrie. Il a d’abord traité par le biais d’Internet des demandes classiques et informelles de renseignements et d’informations. Mais il a depuis mené “conformément à un protocole expérimental” une psychothérapie par e-mail à heure et jour fixes, le tout ponctué par une rencontre mensuelle, notamment pour des patients habitant dans des endroits reculés où ne pouvant pas se présenter directement au cabinet.

Et les résultats sont “remarquables”, puisque que la télépsychatrie a permis de recréer les mécanismes à l’œuvre dans le cadre de consultations classiques. Selon le Dr. Finkeltain, “le processus psychothérapique est également possible par ce moyen”. Mais plus largement, selon lui :

Ma profession, nos diverses spécialités médicales ont énormément à gagner à l’usage d’Internet.

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Crédit Photo CC Flickr : TabithahawkPasukaru76.

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