OWNI http://owni.fr News, Augmented Tue, 17 Sep 2013 12:04:49 +0000 http://wordpress.org/?v=2.9.2 fr hourly 1 Nicolas Sarkozy et la Justice: le triomphe du populisme pénal http://owni.fr/2011/02/15/nicolas-sarkozy-et-la-justice-le-triomphe-du-populisme-penal/ http://owni.fr/2011/02/15/nicolas-sarkozy-et-la-justice-le-triomphe-du-populisme-penal/#comments Tue, 15 Feb 2011 07:30:12 +0000 Adeline Hazan http://owni.fr/?p=46670 Le 10 décembre dernier, la République Française a vécu un bien étrange événement. Sept policiers jugés à Bobigny pour avoir porté de fausses accusations contre un homme venaient d’être reconnus coupables de “dénonciation calomnieuse” et “faux en écritures” et condamnés à des peines allant de six mois à un an de prison ferme. Environ deux cents policiers en civil et en uniforme se sont alors rassemblés devant le palais de justice et ont fait retentir les sirènes de leurs voitures en signe de protestation.

On pouvait légitimement penser que, face à ces manifestations de soutien pour le moins déplacées, le Ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux aurait pris la parole pour appeler ses troupes à respecter le jugement rendu. Le Ministre a effectivement réagi : il a qualifié la décision de justice de “disproportionnée”, tenant à rappeler que “notre société ne (devait) pas se tromper de cible : ce sont les délinquants et les criminels qu’il faut mettre hors d’état de nuire”. Il y a quelques années encore, il aurait été inimaginable qu’un Ministre de la République conteste une décision de justice – tout au moins publiquement…

Résignés

Aujourd’hui, force est de constater que ces déclarations, bien qu’elles enfreignent les principes constitutionnels de séparation des pouvoirs qui sont au fondement même de notre conception de la République, bien qu’elles émanent d’un Ministre de l’Intérieur, n’étonnent même plus. Pire, elles s’accompagnent le plus souvent d’une certaine forme de résignation de la part des magistrats. L’indignation cède la place au fatalisme. C’est que la critique de la justice est devenue à ce point permanente, l’immiscion de l’exécutif dans le fonctionnement de la justice si courante, que ce comportement est en dangereuse voie de banalisation.

Certes, le procureur général de la Cour de cassation, Jean-Louis Nadal, a eu raison de rappeler lors de ses vœux le 7 janvier dernier que “la justice a été de tout temps brocardée” mais ses propos sonnent encore plus juste lorsqu’il ajoute que “ce phénomène ne laisse pas d’inquiéter quand les coups sont portés par ceux qui sont précisément en charge de la faire respecter”.

Notre société est malade de ces violations répétées de la Constitution par ceux-là même qui en sont les dépositaires. La défiance généralisée que connaît la Justice française nourrit un sentiment de culpabilité chez les magistrats qui nuit au bon exercice de leur métier. La crise identitaire et morale que traverse le monde judiciaire vient en grande partie de là.

De fait, le divorce entre le corps judiciaire et l’exécutif est total. Et cette rupture s’étend à présent aux hauts magistrats dont on ne peut pas dire qu’ils se sont jusqu’alors illustrés par leur véhémence à l’égard du pouvoir !

Le quotidien Libération citait il y a quelques semaines des propos tenus par Nicolas Sarkozy alors Ministre de l’Intérieur, après l’assassinat de la joggeuse Nelly Crémel en 2005 : “que va-t-il advenir du magistrat qui a osé remettre un monstre pareil en liberté ?” Lorsque Jean-Louis Nadal déclarait début janvier dans un discours fracassant que nous assistons à un “avilissement de la République”, que l’on “méprise la justice en instillant la confusion entre la responsabilité du criminel et celle du juge dont on dénigre la décision”, c’est précisément à ce genre de propos – indignes d’un Ministre de la République, est-il besoin de le rappeler – qu’il fait référence.

Un populisme pénal

De ce point de vue, on assiste effectivement aujourd’hui à l’épanouissement sous ses aspects rhétoriques et législatifs les plus débridés d’une forme de “populisme pénal” dont Nicolas Sarkozy est le principal héraut. Si la défiance et le mépris à l’égard des magistrats n’ont jamais été aussi forts, c’est avant tout parce que cette accusation de laxisme est savamment entretenue par le pouvoir.

Il faut bien comprendre que le discrédit jeté sur les magistrats résulte d’une volonté politique délibérée. Disons-le une bonne fois pour toute : les coups portés de manière systématique à l’ensemble des métiers de juges indépendants participent d’une stratégie électoraliste et populiste. C’était vrai avec le juge d’instruction hier ; ça l’est avec le juge de correctionnelle aujourd’hui. S’il n’est pas interdit de débattre du projet d’introduction des jurés populaires au sein des tribunaux correctionnels, ne faisons pas preuve de naïveté coupable : en la matière, l’objectif de Nicolas Sarkozy est bel et bien d’entretenir le fantasme du juge laxiste dont l’incompétence serait dorénavant contredite par des citoyens plus sévères – et donc prétendument plus “justes”…

Mais l’entreprise du chef de l’Etat est vaine. Le laxisme des juges n’existe pas. Il s’agit d’une fable que la droite aime à se raconter mais qui ne repose sur aucun chiffre réel. Les statistiques démontrent même exactement le contraire : on assiste depuis 1984 à une multiplication par 3,4 de la durée totale des peines prononcées. Entre 2003 et 2007, le nombre de détenus condamnés à plus de vingt ans est passé de 1 796 à 2 102.

Judge Dredd : "La loi, c'est moi !"

Si Nicolas Sarkozy stigmatise les magistrats, c’est aussi pour masquer ses propres échecs. Présentés vendredi 21 janvier par le Ministre de l’Intérieur, les chiffres annuels de la délinquance montrent en effet une augmentation de 2,5 % du nombre des violences faites aux personnes. Une augmentation que l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales considère comme “persistante depuis plusieurs années”.  Bien sûr, Brice Hortefeux peut continuer à faire semblant de croire à une baisse de la délinquance. Il n’en reste pas moins vrai que Nicolas Sarkozy a failli dans son combat contre l’insécurité. Et brocarder la Justice ne suffira pas à dissimuler cet échec.

Le populisme pénal du chef de l’Etat s’éprouve également dans la désormais célèbre maxime “un fait-divers, une loi”. A chaque évènement spectaculaire de l’actualité – a fortiori si cet événement fait la Une des médias … – on propose d’introduire un nouveau délit dans le code pénal. Peu importe d’ailleurs que dans la plupart des cas ce délit existe déjà. Seul compte ici l’effet d’annonce. Il y a quelque chose du réflexe pavlovien dans cette frénésie législative : depuis 2002, chaque loi sécuritaire est votée faits divers à l’appui.  Or, cette “législation de l’émotion” s’oppose frontalement aux principes de la Justice, fondés sur la raison. C’est précisément le rôle et l’honneur de la Justice de dépassionner les débats et de s’assurer que les jugements rendus le seront au nom du Droit, non des Passions. Par ailleurs, cette inflation des textes législatifs ne permet non seulement pas de lutter efficacement contre la délinquance, mais elle complexifie dangereusement le Droit. Qui plus est, elle met les magistrats dans un état d’insécurité juridique qu’ils dénoncent tous.

Une justice de moins en moins indépendante

Corollaire du populisme pénal, la législation de l’émotion fait de la Justice l’instrument d’une politique à courte vue. Rythmé par les faits divers et les textes de lois qui en résultent, le Droit perd la cohérence nécessaire à son juste exercice.

Ces trois premières années du quinquennat ont montré que le populisme pénal du chef de l’Etat ne connaissait pas de limites : les exemples sont légions qui illustrent la volonté de s’attaquer à l’institution et d’en saper les principes fondateurs : convocation d’un magistrat à la Chancellerie pour des propos tenus lors de ses réquisitions, au mépris du principe de la liberté de parole à l’audience, convocations de cinq autres magistrats en raison des “mauvais résultats” dans l’application de la loi instituant les peines planchers. Les pressions hiérarchiques croissantes de la Chancellerie à l’encontre du Parquet apparaissent comme autant d’atteintes à l’indépendance de l’autorité judiciaire, alors même que la Cour européenne des droits de l’homme estime que les parquetiers français ne sont pas suffisamment indépendants.

“Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir” écrivait Montesquieu. Après 10 années de régression en matière de justice et de droit, la gauche, si elle revient aux responsabilités en 2012 devra faire sienne cette maxime.  A l’évidence, cela ne suffit pas à faire un programme ; cela constitue à tout le moins un principe d’action.

>> Cet article a été initialement publié sur NonFiction.fr

>> Photos FlickR CC : djking, LostCarPark

Retrouvez nos articles sur le même thème:

Ces soldes au rayon justice qui provoquent l’ire des magistrats

Police: le boomerang des moyens contre Sarkozy

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Brice Le Pen ou la métamorphose de Hortefeux http://owni.fr/2010/06/06/brice-le-pen-ou-la-metamorphose-de-brice-hortefeux/ http://owni.fr/2010/06/06/brice-le-pen-ou-la-metamorphose-de-brice-hortefeux/#comments Sun, 06 Jun 2010 09:36:15 +0000 Olivier Beuvelet http://owni.fr/?p=17566 La condamnation de Brice Hortefeux pour injure raciale lui vaut cette magnifique photographie en Une de Libération.fr… où son visage fait indubitablement penser à celui de Le Pen… Les traits physiques du visage du ministre pris dans une expression qu’il n’est pas utile d’interpréter, viennent ici affirmer une analogie, une ressemblance que la condamnation semble venir attester. Condamné pour injure raciale par la justice, Hortefeux est officiellement (jusqu’à la décision qui sera rendue en appel) coupable d’avoir proféré des propos racistes.
La fameuse vidéo diversement interprétée selon les affinités politiques de ses interprètes (ou leur degré d’honnêteté), trouve ici un sens définitif, et c’est le visage de Brice Hortefeux qui s’en trouve métamorphosé.
Le Figaro.fr se contente d’abord de la dépêche AFP sans illustration, c’est-à-dire, sans prise de position, puis nous montre le ministre de l’intérieur en train de réajuster sa cravate, dans un geste digne, de maintien humble de son image, (la cravate a ici une grande valeur symbolique) devant l’adversité… Le premier mot sous la photo est d’ailleurs une apposition qui le place dans la position de victime : “attaqué en justice…”

Le Monde.fr, indulgent, nous montre un Hortefeux surpris, décadré, photographié à son insu, comme dans la vidéo qui l’a amené devant le tribunal. C’est une répétition visuelle du mode de saisie des propos (à la volée) qui nous le montre ici incrédule, désolé de ce qui (lui) arrive, semblant réagir au prononcé du verdict alors qu’il n’était pas présent et n’a pas offert, encore, de visage coupable aux photographes après sa condamnation.

Le NouvelObs.com, lui, nous présente un Hortefeux qui semble regretter sa bourde, coupable certes, mais pas méchant… “J’aurais mieux fait de la fermer…” Le journal est lui aussi indulgent avec le ministre, le montrant embarrassé à l’annonce de sa condamnation, il fait profil bas…

Pour Libération.fr, en revanche, la prise de position est claire. Le nouveau visage de Brice Hortefeux est celui d’un Le Pen… Cadrage serré qui donne de l’importance aux yeux bleus et aux cheveux blonds, rictus abaissant les commissures des lèvres dans une expression qu’arbore souvent le président du Front National.

C’est ainsi en jouant visuellement d’une ressemblance qui laisse le propos dans l’implicite en le glissant  dans les plis ambigus de l’image que Libération.fr prend position pour interpréter le personnage de Brice Hortefeux, à la lumière de cette décision de justice, comme étant une sorte de Le Pen bis. Or comme le disait Brice Hortefeux lui-même : « quand y en a un, ça va, c’est quand y en a beaucoup que ça pose problème »

Illustrations : captures d’écran des sites Figaro.fr, Libération.fr, Le Monde.fr, NouvelObs.com.

Photographie de Libération.fr : “Le ministre de l’Intérieur Brice Hortefeux, le 3 juin 2010 à Luxembourg. (AFP Georges Gobet)”

Photographie de Jean-Marie Le Pen : Damien Lafargue site De source sûre (photo retournée pour mettre en évidence la ressemblance)

Billet initialement publié sur Parergon, un blog de Culture visuelle, sous le titre “Quand Hortefeux se métamorphose…”

Culture visuelle est développé par 22mars, société éditrice d’OWNI.

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Internet : Initiation sécuritaire http://owni.fr/2010/02/10/internet-initiation-securitaire/ http://owni.fr/2010/02/10/internet-initiation-securitaire/#comments Wed, 10 Feb 2010 15:24:10 +0000 Stéphane Favereaux http://owni.fr/?p=7920 loppsi1c

Au début, il y avait le Net. Puis vint Loppsi 2… Hadopi 1, 2, puis Zelnik… puis ACTA… Aujourd’hui, mercredi 10 février, sur la scène politique de l’assemblée vide de députés, de responsabilité citoyenne, le débat est lancé. Loppsi is back !

Les débats autour de cette loi, cheval de retour du gouvernement Sarkozy, avaient été vaguement reportés, la loi avec, en juillet dernier, et depuis hier, une poignée de députés désœuvrés ou un peu plus impliqués dans leur rôle d’élu échangent autour de cette loi d’Orientation et de Programmation pour la Performance de la Sécurité Intérieure.

Hadopi avait permis de réels débats mais on constate, alors que le Net se voit envisagé comme un espace libre à museler toujours plus, que fort peu de passions émaillent les discussions. Pour le PS et l’opposition en général, cette loi procède de la « paranoïa sécuritaire » des sbires de Sarkozy… quand le délicieux Hortefeux considère Loppsi comme un « texte fondamental ». Il est certain que nombre d’internautes vont l’avoir dans le fondement si cette « chose » est votée. Et malheureusement, à en juger par l’implication des députés hier soir jusqu’à 1h du mat’, il est à craindre qu’elle passe haut la main l’examen de passage. Il faut alors espérer que le Conseil Constitutionnel fasse ensuite son office. Mais l’indifférence qui suivit le report de cette loi en juillet 2009 est à l’image de l’indifférence des députés… inqualifiable.

Loppsi, nous l’évoquions déjà sur l’Owni, est une loi pratique, fourre-tout, où tout passe sous coupe réglée. Lutter contre la cybercriminalité, la pédopornographie, l’obligation pour les FAI de filtrer les contenus… empêcher l’accès au Net des criminels que nous sommes donc tous en puissance… vous voulez de la sécurité sur le Net, loppsi sera votre ami de trente ans, sans jamais vous trahir… quoique…

Outre la bordée de dispositifs légaux mis en place depuis deux ans visant à faire de nos ordis des télécrans orwelliens, la volonté sécuritaire du gouvernement Sarkozy avec comme tête de pont Hortefeux donne une idée de ce que va devenir le web. La Quadrature du Net évoque « La mise en place de ce dispositif laiss[ant] la porte ouverte à de dangereuses dérives et [devant] désormais être complétée par de strictes garanties, ou à défaut être rejetée ». Malheureusement, je crains qu’il ne faille pas trop rêver, cette loi ne sera pas rejetée. Pour autant, il ne faut pas se résigner. Si les flics du web doivent essaimer les matraques sur chaque URL, chaque lien, chaque blog, nul doute que l’utopie libertaire, au sens noble, du Net, sera mise à mal. Le Net pourrait ressembler aux salles de rédaction de l’ORTF, et finir en caisse de résonnance gouvernementale, aux ordres, et soumis à une censure qui enfin s’avoue. Les censeurs sont toujours choisis comme des cravates, à en juger par le nombre de têtes de nœud que nous avons connus dans l’histoire.

Article 23.

L’article 23, notamment, de cette loi, se doit d’être ardemment combattu, tout comme la loi dans son ensemble ! Il permet d’installer des mouchards sur les ordinateurs de personnes suspectées. Mais la variabilité des crimes, des délits, de la pédophilie au simple téléchargement, pose quelque peu problème. Le rapport de moyen à fin tourne à la folie paranoïaque. Mettre un pédophile et un téléchargeur occasionnel sur le même plan est un déni de justice. Les fondements même du droit sont mis à bas, piétinés, méprisés, par une autocratie sarkozienne. La réponse légale doit être mesurée par rapport au délit commis, il en va de même pour les moyens d’investigation. Mais nous vivons une époque formidable où on expulse une môme de 9 ans de son école encadrée par les gendarmes. Elle représente une telle menace. On ne défend pas la liberté en la donnant aux chiens qui vont se repaître des derniers oripeaux d’une liberté républicaine.

Ces mouchards, donc, seront, cela va presque de soi, installés sans aucun accord des utilisateurs, sans même les en informer. La transmission des données sera automatique, telle qu’elles sont visibles sur l’écran, ou par la frappe au clavier. Ils ont pensé à une appli I-Phone ? I-loppsi pour fliquer les SMS comme le fait la Chine ? Voilà une bonne idée à donner à Brice Hortefeux ! Au point de déni des libertés fondamentales où nous en sommes, autant charger la mule !

Le Figaro (source sûre d’information gouvernementale en l’occurrence) évoque le dispositif de surveillance : « La police pourra [...] installer à distance des logiciels pirates, sortes de chevaux de Troie, qui la renseigneront en temps réel sur tout ce qui entre et sort d’un PC ou d’un Mac ». Quatre mois de flicage du Net renouvelable une fois. Huit mois sans pouvoir être libre alors que nous sommes sensés bénéficier de la présomption d’innocence non ? Oh ! pardon De Villepin. Mes mots dépassent mon niveau de sécuritarisme.

Plus fort, tout se fera sous couvert des juges d’instruction que Nicolas Sarkozy veut supprimer ! De fait, plus aucune indépendance réelle de la justice, on le sait. On l’a constaté dans l’affaire Clearstream.

La Ligue des Droits de l’Homme s’inquiète à juste titre de cette loi, qui marque, selon elle, un saut vers une « société de la surveillance, du soupçon et de la peur. ». Il faudra penser à fleurir la tombe de Pétain ! Toujours selon la LDH, « il s’agit [avec Loppsi] de renforcer, d’intégrer et de concentrer tous les instruments disponibles de fichage, de traçage et de contrôle social ».

« La chasse aux internautes » est ouverte !

Noël Mamère souligne également à juste titre que « c’est le dix-septième texte sur l’insécurité voté depuis 2002. Les décrets d’application de la plupart d’entre eux n’ont même pas été publiés ».

Le débat risque d’être long si tant est que la classe politique, les citoyens, sortent d’un individualisme primesautier et s’impliquent dans ce qui apparaît de plus en plus comme un volonté de foutre en l’air les libertés individuelles, fondamentales, voire constitutionnelles.

A propos de loppsi 2, j’avais écris cet article en juillet 2009. Rien n’a réellement changé depuis…malheureusement. Reculer pour mieux noyer le poisson en période électorale est toujours une stratégie intéressante. Gonfler la France entière, la saturer, avec Hadopi pour mieux passer Loppsi, dispositif complémentaire et pire encore… c’est finalement une stratégie de l’évitement du débat de la part d’une majorité qui préfère avoir moins de députés que de personnes dans le public à l’assemblée mardi 9 février au soir. L’exercice de la démocratie est un devoir quand on est élu. Pour beaucoup, il devient une possibilité, une option… bel exemple d’exercice du pouvoir politique et de trahison des électeurs.

Illustration CC FlickR matthileo

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Politique: L’art du dérapage http://owni.fr/2009/10/01/politique-lart-du-derapage/ http://owni.fr/2009/10/01/politique-lart-du-derapage/#comments Thu, 01 Oct 2009 16:44:53 +0000 Jean Véronis http://owni.fr/?p=4098 Un journaliste vient de m’interviewer sur le thème : “Pourquoi les hommes politiques dérapent-ils autant ces temps-ci ?”. Il faisait référence bien entendu à la récente bourde de Brice Hortefeux, et à la longue liste des excès sarkoziens, “Casse-toi pauvre con” en-tête.


J’ai trouvé la question intéressante, tout d’abord par son sous-entendu : on a l’impression que les politiques dérapent plus ces temps-ci… En y réfléchissant un peu, je me dis qu’ils ont toujours dérapé. Et pas seulement les spécialistes, comme Georges Marchais (“Taisez-vous Elkabbach“) ou Jean-Marie Le Pen (“Durafour crématoire“, etc.). Non, même les hommes politiques bon teint se sont souvent laissés aller aux pires excès…

A-t-on oublié le duel à l’épée de Gaston Deferre avec René Ribière en 1967, après que le premier ait traité le second d’abruti dans l’hémicycle ?

Ou bien les insultes indignes dont a été l’objet Simone Veil en 1974 lors du débat sur l’avortement…

Ce n’est d’ailleurs toujours la colère qui les pousse aux dérapages. C’est souvent leur inconscient qui les travaille… par exemple lorsque Jacques Chirac mélange les casquettes et les cassettes en pleine affaire Méry, ou lorsque Lionel Jospin présente ses “meilleurs vieux” après sa première bourde sur la vieillesse du même Chirac.

C’est parfois moins drôle. Lorsque Raymond Barre explique tranquillement que “même des Français” ont été tués dans l’attentat de la rue Copernic, cela ressemble étrangement au dérapage d’Hortefeux. Je ne crois pas que ni l’un ni l’autre soient activement racistes ou antisémites, mais leur inconscient a laissé sortir ces vieux relents désagréables, latents dans la société française, et dont ils sont finalement imprégnés.

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Rien de nouveau sous le soleil, donc. Si cela nous semble plus aigu ces temps-ci, c’est peut-être lié à plusieurs facteurs (mis à part l’effet de loupe classique qui nous fait toujours trouver le présent différent du passé…).

Tout d’abord, les journalistes “se lâchent” plus souvent qu’avant. Bien sûr, il y a toujours autocensure (voire une certain peur) dans les rédactions, mais ceux qui ont connu le temps de l’ORTF se souviennent qu’on a vécu pire. Quant on n’ose pas directement publier les extraits gênants, on organise des fuites (je crois que ce fut le cas pour certaines images “off” de Nicolas Sarkozy sur FR3)…

Parfois ce sont les télés étrangères qui se chargent de balancer (comme dans le cas de la vidéo dite de “Sarko bourré”). Autre facteur, bien sûr: Internet. Le buzz peut maintenant se répercuter, s’amplifier de façon (fort heureusement) pour l’instant incontrôlable. Grâce à You Tube, la vidéo “Sarko bourré” a fait le tour du monde. Les blogs, Facebook ou Twitter servent désormais à jouer du tam-tam. L’affaire Hortefeux a crevé les baffles (voir ici)…


Et puis enfin, il me semble observer un phénomène nouveau. Une certaine “désinhibition” de la classe politique. Le doigt d’honneur d’Eric Besson est de ce point de vue exemplaire. Peut-on imaginer que sous de Gaulle ou Pompidou un ministre ait pu rester à son poste plus d’une heure après un comportement aussi grossier ? Mais l’exemple vient désormais d’en haut.

Lorsque le président de la République peut lancer un “Casse-toi pauvre con” à ses interlocuteurs, et rabaisser le langage au niveau du caniveau, tout est permis pour les sbires.

Qui ne s’en privent pas.

> Article initialement publié sur Technologies du langage, le blog de Jean Véronis

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http://owni.fr/2009/10/01/politique-lart-du-derapage/feed/ 1
En politique et dans certains médias, la fracture numérique est toujours là http://owni.fr/2009/09/15/en-politique-et-dans-certains-medias-la-fracture-numerique-est-toujours-la/ http://owni.fr/2009/09/15/en-politique-et-dans-certains-medias-la-fracture-numerique-est-toujours-la/#comments Tue, 15 Sep 2009 13:38:41 +0000 [Enikao] http://owni.fr/?p=3606 A l’occasion de discussions en marge de l’université d’été de l’UMP, un journaliste reporter d’image de Public Sénat a filmé une rencontre publique entre Jean-François Copé, Brice Hortefeux et des militants. Un jeune militant, Amine Benalia-Brouch, a demandé s’il pouvait être prise en photo entre les deux politiciens, ce qu’ils ont accepté.

Les discussions autour de ce moment et les paroles du Ministre de l’Intérieur et très proche ami du Président Brice Hortefeux ont été filmées, puis mises en ligne par Le Monde et relayées par Lemonde.fr en raison de la nature plus qu’équivoque des propos du Ministre de l’Intérieur.

Laissons de côté l’aspect politique des choses. Les réactions des rédactions, des médias et des commentateurs politiques ont montré un profond fossé dans la compréhension du monde. Internet n’est pas un monde virtuel à part, il est le prolongement de notre monde réel, avec quelques particularités. On y trouve donc les mêmes personnes.

Rappel des faits : la vidéo qui a déclenché la polémique a été mise en ligne jeudi 10 septembre.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Notons qu’elle est clairement identifiée comme mise en ligne par Le Monde : le texte est explicite, le compte est celui du monde.fr, un masque translucide indique LeMonde.fr. Autrement dit, ce n’est pas un illustre inconnu qui met la vidéo en ligne mais une rédaction, qui effectue un travail journalistique : vérification des sources, recoupement… Ce qui ne l’oblige bien évidemment pas à révéler ses sources, c’est même un des privilèges de la fonction de journaliste.

La ligne de défense du Ministre de l’Intérieur, également Ministre des cultes, et qui constituait à dire que ses propos sortis de leur contexte étaient mal interprétés, tiendra peu de temps. Elle ne permettra que de temporiser : soit l’affaire s’éteint parce qu’il n’y a pas à revenir sur une histoire “sortie de son contexte” et montée de toute pièce, soit les journalistes s’acharnent à faire mentir le Ministre (une stratégie à double tranchant comme le fait remarquer Versac), en particulier avec la vidéo d’origine sur laquelle on peut rendre le son plus audible et surtout étendre la séquence pour qu’il n’y ait pas de contestation sur le contexte. C’est la seconde option qui s’est réalisée, et finalement il fallait s’y attendre.

La vidéo en question dans son intégralité telle que l’a diffusée le 11 septembre 2009 au soir par Public Sénat.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Des médias traditionnels en retard

Les hésitations des médias traditionnels à diffuser les images (lire à ce sujet les atermoiements de Gilles Leclerc pour Public Sénat, sommé de s’expliquer par la SDJ) voire simplement mentionner la polémique qui enflait déjà (Jean-Pierre Pernault, que le médiateur de TF1 Jean-Marc Pillas a promis d’interroger) ne sont pas très claires mais elles montrent un décalage et une inadéquation de certains journalistes avec l’information à l’heure du temps réel comme le notait Versac.

Pour certains journalistes, la grand messe du JT vespéral ne vient qu’entériner des informations déjà divulguées par d’autres médias : surtout, ne pas prendre de risques ni de coups. La presse ne s’est pas montrée toujours meilleure, de nombreux quotidiens n’ayant réagi dans leurs éditos… que le samedi 12 septembre (quelques extraits recensés par le Nouvelobs.fr)

Sur Internet, il n’y a pas de médias ?

Les déclarations de Dominique Wolton à l’antenne de RTL le 11 septembre sont plus étonnantes encore : d’un côté un espace pas vérifié, par légitimé, qui est Internet, de l’autre un espace légitime, qui est les médias. Ceci est lamentable et indigne d’une personne qui affiche clairement ses propres citation sur son site web, notamment Opposer les anciens et les nouveaux médias est une problématique dépassée ; il faut les penser ensemble, et qui par ailleurs est :
- membre du Conseil d’administration du groupe France Télévisions et de France 2 (a priori il sait ce qu’est un média et un journaliste)
- Directeur de recherche au CNRS (normalement c’est un gage de sérieux)
- Président le Comité d’éthique du Bureau de vérification de la publicité
- Directeur de l’Institut des Sciences de la Communication du CNRS (qui a dû oublier qu’Internet existe).

La retranscription des propos tenus sur RTL est en ligne chez Benoît Delmas.

Pareille idiotie ne manqua pas de faire réagir Pierre Haski, qui rappelle qu’il est journaliste sur Internet et qui voit là une forme de lâcheté de certains journalistes qui préfèrent coller la faute sur Internet plutôt que sortir une vidéo. Accuser le moyen de transmission, cela revient à dire que si la radio se permet de critiquer, c’est de la faute des ondes.

Le coupable, c’est Internet !

Comme le pressentait dès le 10 septembre Guy Birenbaum dans C’est pas très net sur Europe 1 : En France, lorsqu’un puissant commet un faux pas, ce n’est pas lui qui paye les pots cassés, c’est le messager ou le média qui a osé divulguer et amplifier son propos, en l’occurrence Internet. Il faut comprendre ici que le messager est Le Monde, et le média pris au sens de moyen de communication et mode de transmission de l’information est Internet.

Ce véritable travail se sape concernant Internet ne date pas d’hier dans les médias broadcast,comme le note 3615 Mavie qui a recensé des vidéos effarantes extraites de journaux télévisés qui accusaient la toile des pires maux. Cette diabolisation se poursuit encore aujourd’hui : que l’on songe à la vidéo commandée par Nadine Morano sur les dangers d’Internet truffée d’amalgames douteux, au reportage partisan d’Envoyé Spécial sur Facebook ou aux déclarations édifiantes d’un Frédéric Lefèvre pendant le débat sur Hadopi I.

La première erreur de base c’est de présenter Internet comme un tout foisonnant et brouillon (un tout-à-l’égout pour Denis Olivennes) duquel sortirait de temps en temps des morceaux peu ragoûtants. Comme le rappelle avec humour Michaelski : ce sont bien les médias qui lancent des scoops et des images volées de politiciens, de Ségolène Royal à Manuel Valls en passant par Patrick Devedjian et Nicolas Sarkozy lui-même.

Cliquer ici pour voir la vidéo.

Un rapport ambigu du politique au net : la fracture numérique est toujours là

Au fond, il y a une dichotomie profonde dans le discours des politiciens, comme l’indique Renaud Revel qui rappelle qu’en cela Brice Hortefeux est à bonne école avec son ami d’enfance Nicolas Sarkozy pour qui un ordinateur sert uniquement à écrire.

D’un coté la toile est considérée comme un formidable média complémentaire qui n’est pas pris en compte par ce CSA dans le décompte du temps de parole, ce qui est bien pratique car une vidéo ou un site qui “tourne” c’est autant de propagande politique gratuite et sans contrôle quand le buzz va dans le bon sens. Il n’y a qu’à voir la légitime admiration des politiciens français quant à la campagne de Barack Obamma, largement appuyée par les réseaux sociaux et le web sur lesquels les militants étaient invités à s’impliquer, et les ambitions des différents partis pour imiter ce principe. Pensons par exemple aux Créateurs des possibles pour l’UMP et à la CooPol pour le PS.

De l’autre, Internet est le mal incarné, l’œil qui espionne et qui lynche en place publique dès qu’il le peut, le lieu de toutes les bassesses et des rumeurs les plus folles. Comme le note Amaury de Rochegonde sur France Info, il est certain que les équipes de communication des personnalités politiques doivent s’en prendre à elles-mêmes : à trop vouloir user du levier de la mise en scène, ce n’est qu’un retour de flamme du “tout transparent” dont les citoyens se sont emparés grâce aux nouveaux outils de diffusion et de partage dont ils disposent.

A trop vouloir exhiber leurs moments de vie privée, leurs loisirs et leurs passions dans les émissions de divertissement pour s’attirer la sympathie des électeurs en montrant que ce sont des gens comme tout le monde, les professionnels de la politique ont pris un risque sans penser qu’il serait difficile de faire marche arrière. Ce n’est pas seulement une désacralisation de la politique qui est à l’œuvre, c’est le culte du je me présente tout entier et nu devant votre jugement que les Etats-Unis connaissent si bien qui prend forme dans l’Hexagone.

Une instrumentalisation à sens unique

Cette tendance à distinguer Internet du monde réel, doublée de l’envie d’instaurer des règles et valeurs à deux niveau avec d’un côté les braves citoyens, de l’autre les méchants internautes, est une tendance de fond comme le notait un avocat sur Ecrans. Mais ces citoyens et ces internautes, ce sont les mêmes personnes ! Il y a plus de 30 millions d’internautes en France.

Ce sont les mêmes qui moquent les politiques sur Internet et les mêmes qui se sont déplacées en masse lors des élections présidentielles de 2007. Ce sont les mêmes qui achètent en ligne et qui piratent. Ce sont les mêmes qui critiquent les médias (ce qui signifie qu’ils les consultent, ne serait-ce que pour savoir de quoi parler) et qui souhaitent que ceux-ci s’améliorent. Traiter avec mépris Internet, c’est mépriser des citoyens qui discutent, consomment, s’informent et partagent en ligne. Et qui votent.

Des pièges ? Non, du « off » qui devient « on »

Internet ne piège pas les politiques, comme on l’a trop souvent dit ou écrit. D’abord parce qu’Internet n’existe pas en tant qu’entité. Dans l’affaire Hortefeux il s’agissait de journalistes, dans d’autres cas c’étaient des passants ou des militants, des gens bien réels et pas des fantômes évanescents.

De plus, les personnalités politiques ne sont pas piégées dans ce sens où il n’y a pas manœuvre, manipulation, trahison. Elles sont simplement prises sur le vif, dans une situation où le discours n’est pas aussi policé et maîtrisé que dans le cadre des traditionnelles interviews ou prises de paroles en public. Les progrès de l’électronique et les outils de partage existant en ligne, les professionnels de la politique doivent savoir qu’aujourd’hui le off n’existe plus. Ce n’est pas la première fois qu’un imprudent se fait prendre, ce ne sera pas la dernière. La leçon que certains ont payée cher n’a pas profité aux petits camarades.

La boucle est bouclée : il faut qu’Internet la boucle

La réaction ce matin dans les 4 Vérités de Jean-François Copé, l’autre personnalité politique présente dans la vidéo incriminée, n’est pas à son honneur non plus. En substance : J’ai pensé à ceux qui font votre métier, ceux qui sont preneur de son, cameraman, reporter… qui font des vrais reportages… Là, on a été sur autre chose. Il s’agissait pourtant bien de journalistes : autant savoir de quoi on parle quand on aborde un sujet aussi brûlant de l’actualité. Et d’ajouter Il faudra un jour ou l’autre que l’on assume un débat public sur Internet et la liberté. Avec Hadopi II, c’est pourtant bien déjà de cela qu’il était question.

Rappelons qu’il fut dans le gouvernement de Dominique de Villepin le champion de la transparence dans la gestion publique avec ses 100 audits lorsqu’il était Ministre du Budget et de la Modernisation de l’Etat (il lança alors une vague importante de modernisation de l’administration publique avec Adèle, la télédéclaration fiscale, les plateformes de marché public sur Internet…) et qu’il se vantait sans rire d’arrêter la langue de bois.

Petit manuel à l’usage de ceux qui embrassent ou veulent embrasser une carrière politique

1 – Internet n’est pas un monde à part, c’est un monde construit par des gens bien réels. C’est aussi un monde plus rapide. Derrière un internaute, il y a un citoyen.

2 – Internet est un moyen de communication au même titre que le papier et les ondes. Le saviez-vous, il y a des journalistes sur Internet !

3 – Internet n’est pas un outil dont on se sert de manière verticale pour communiquer de haut en bas : la base réagit, et bien plus fort que le sommet. Il sera difficile de museler la toile dans un pays ouvert. En Chine, en Iran, en Corée du Nord, c’est une autre histoire.

4 – En politique, le off n’existe plus car la communication politique a trop joué avec les mises en scènes de la vie privée et des moments intimes. Désormais, vous êtes sous l’œil permanent des citoyens que vous avez voulu draguer à tout prix.

5 – Faute avouée à moitié pardonnée : nier quand les faits accablent, ça ne prend que si on a des moyens de coercitions conséquents pour étouffer les choses. Si Hortefeux avait dit que c’était une mauvaise plaisanterie ou qu’il regrettait des propos ambivalents, peut-être n’aurait-il pas eu droit à un tel tollé. Peut-être, mais ses antécédents ont parlé contre lui.

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http://owni.fr/2009/09/15/en-politique-et-dans-certains-medias-la-fracture-numerique-est-toujours-la/feed/ 9
Reuters et AFP tombent (à leur tour) dans le tout à l’égout ! http://owni.fr/2009/09/12/apres-olivennes-hadopi-reuters-afp-tombent-dans-le-tout-a-l-egout-internet/ http://owni.fr/2009/09/12/apres-olivennes-hadopi-reuters-afp-tombent-dans-le-tout-a-l-egout-internet/#comments Sat, 12 Sep 2009 16:39:39 +0000 Nicolas Voisin http://owni.fr/?p=3541 Internet est un “tout à l’égout” répète en boucle ce cher Olivennes (patron de l’ex-Obs et père caché de Zara Hadopi) semble-t-il en phase avec l’AFP et Reuters, qui se prennent salement les pieds dans les fils ces temps-ci…

Michaelski le dessine mieux que nul autre ne le décrit (voir le strip intégrale). Pierre Haski ce matin a également vue rouge et trainé France 3 dans ce grand bain de boue. C’est qu’il faut lire cette dépêche AFP et, pire encore, celle-ci, de Reuters. Amalgames, ratés, erreurs grossières, idées reçues. Tout y passe.

Ce que nul n’ose s’avouer est que ce n’est pas “Internet” qui “se permet des choses” qu’il ne “faudrait pas faire”, non. C’est Internet et Internet seulement où les rares audaces éditoriales, les exceptionnelles expérimentations et les éphémères coups d’épées rédactionnelles (le plus souvent dans l’eau) ont encore parfois lieu.

La vidéo de Ségolène sur les 35h avait été pointée sur mon blog par Le Monde [ndlr : leurs archives sont payantes, les miennes en goguette]. Le papier trappé par Bolloré à propos du Pass-Navigo avait été dévoilé sur mon Twitter suite – déjà – à un refus d’une rédaction nationale majeure de publier l’info. Naguère, même les sites d’information des médias traditionnels et en particulier de presse (la TV n’a pas en France la culture du scoop et de l’info chaude) s’appuyaient sur “le web”, en l’occurrence sur les blogs, pour “balancer”.


Cette semaine, c’est à la Une de son propre site que Le Monde à diffusé la vidéo
(une première – voir capture d’écran ci-dessus). Public Sénat n’avait pas osé diffuser ses propres images. Pas de fuite auprès d’un blogueur pour se défausser (ni de télé belge). Pas de “Pure Player” ou de “journaliste citoyen” ni de portable ou de tweet derrière cette information. Juste un média qui fait son travail: coller à la réalité. La restituer. En assumer les conséquences. Sans jamais réellement parvenir à contextualiser ou analyser les mécanismes à l’œuvre, soit dit en passant (Versac a tenté le coup sur Slate).

Internet n’est pas une poubelle, c’est même la seule surface résiduelle de liberté éditoriale et d’audace journalistique. C’est aussi là que le métier se réinvente (Benoit Raphael parle d’un ADN de l’information qui a changé, contrairement à celui des journalistes, qui résisteraient à se remettre en cause. Et vont trop souvent à l’aumône, rajouterai-je).

Oui, la “blague” de Brice Hortefeux, ministre de l’intérieur, est inadmissible – pour cette seule et unique raison. Car il incarne la République. Oui, il fallait diffuser ces images, quand un seul témoignage écrit du journaliste aurait posé d’autres problèmes. Oui il a fallut s’adosser à Internet pour le faire. Même pour Le Monde. Même pour le JRI de Public Sénat. Oui. Sans internet point de salut ?

Le problème avec les dépêches d’agence bâclées, c’est pas quand il y en a une. Quand il y en a une, ça va. C’est quand il y en a beaucoup qu’il y a des problèmes, comme on dit en Auvergne.

Article cross-posté depuis Nuesblog /-)

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http://owni.fr/2009/09/12/apres-olivennes-hadopi-reuters-afp-tombent-dans-le-tout-a-l-egout-internet/feed/ 7
#Loppsi2 : Premier round gagné ! Dans l’indifférence ? http://owni.fr/2009/07/29/loppsi2-premier-round-gagne-dans-lindifference/ http://owni.fr/2009/07/29/loppsi2-premier-round-gagne-dans-lindifference/#comments Wed, 29 Jul 2009 18:48:40 +0000 Nicolas Voisin http://owni.fr/?p=2150 #Hadopi fut un combat de tous les jours. #Loppsi s’annonçait une bataille sans merci. Entre-temps, le net s’est organisé (de la Quadrature aux Pirates en passant par Numérama, PCimpact, Owni et des milliers de blogs) les ministres ont “consulté” (beaucoup plus que certains ne croient) et… Est survenu l’été. Ce drame qui frappe chaque année la France à la même époque.

C’est une brève, ou presque, du Canard Enchainé, qui nous l’apprend (ainsi que le formidable “Mettic de l’UMP“) : Nous venons de gagner le premier round du match contre Loppsi2 !

Après plusieurs KO contre Hadopi, de quoi crier, fêter, se réjouir, sans plus de prétention, mais sans nier son plaisir. Que néni. Rien. Pas encore ? Souriez, la danse est ouverte alors !

Lançons les festivités (je cite le Canard, qui ne m’en voudra pas /-)

Le ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, s’apprête à envoyer au panier une œuvre phare de Michèle Alliot-Marie, qui l’a précédé Place Beauvau. La loi d’Orientation Pour la Performance de la Sécurité Intérieure (surnommée “Loppsi”), que Sarko avait promis, le 15 janvier dernier, de faire voter “rapidement”, vient ainsi d’être retirée de l’ordre du jour du Parlement. Et Hortefeux a annoncé à Matignon sa volonté de revoir une bonne partie du texte. “Il faut qu’on poursuive le travail avant de venir devant le parlement” a confié le ministre à ses troupes, en “insistant sur le volet prévention”.

Cette Loppsi accordait à la police (sous le contrôle d’un juge) le droit d’installer clandestinement des logiciels espions sur les ordinateurs des personnes suspectées de certains délits, et ainsi de tout connaitre de leur vie privée. (…)

Allez ? On prend le temps de profiter de l’instant ? Voici un premier round de gagné et – quelles que soient mes désillusions sur la suite et les intentions de ceux qui portent ce projet de société – ceci est sans doute l’étape fondatrice. “Il faut qu’on poursuive le travail avant de venir devant le parlement” s’exclame Brice. Pas con. Il faut même ouvrir grand les écoutilles et écouter la société civile. Il en est une fraction qui s’ouvre clairement à vous : elle est connectée.

Tendez l’oreille. #Loppsi n’est pas enterré. Mais la maison prend l’eau, alors Brice, il écope de suite.

Trinquons. Il y aura plein d’autres rounds…

[Source : Nuesblog / Discussion sur FriendFeed / Affiche, incontournable, de Geoffrey Dorne]

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